Interview faite au Spotlight Lille

Alors, pour nous qui ne te connaissons pas beaucoup, est-ce que tu peux nous dire à partir de quand l'envie de faire du stand-up et de monter sur scène, s'est passée ?

Écoute, ça fait un bon moment, déjà, parce que je sais que tu connais un peu mon papa, mais j’ai vachement été éduqué par ça, les concerts, les spectacles, j’en ai vu très tôt. J’ai eu la chance vraiment d’assister à beaucoup de spectacles et de concerts assez jeunes. Donc ça m’a toujours ouvert l’esprit de me dire j’ai envie de travailler dans le monde de la scène.

Alors je sais que j’ai toujours voulu faire de la scène, mais tout me fascine. La régie, tout ça, moi je suis toujours fasciné par ce qu’ils font, le personnel et tout, l’ensemble des lieux, moi c’est ça que j’adore. Et vraiment, l’humour, le stand-up, c’est, tu vois, en sixième, quand j’ai découvert des humoristes par moi-même, avec YouTube, avec Internet, tout ça.

Tom Boudet

J’ai eu un peu ce déclic en voyant un sketch de Gad Elmaleh où je vois mes parents se marrer, moi je me marre aussi, je vois que ça me touche aussi, donc il y a une espèce de lien comme ça. Et puis derrière, je suis devenu fan de la comédie au sens large, dans des films, dans des sketchs à la télé, etc. Donc, grosse passion pour la scène et surtout pour l’humour.

Et du coup, avec tous les concerts, jamais dans la musique ?

Bah, quand j’étais petit, oui, c’était vachement la musique. Mon père, lui, est vachement dans la musique, mais c’est comme si j’avais au début qu’une vision, et quand j’ai découvert cette vision de l’humour par moi-même, je pense que c’est ça qui a été un peu le déclic, et je me suis rendu compte que l’humour, c’était un peu mon langage. Mais je reste très fan de la musique, d’ailleurs c’est ce qui m’inspire même dans ce que je fais, et puis même, on dit, la comédie, l’humour, il y a un rythme à respecter à chaque fois, donc ça m’influence beaucoup encore aujourd’hui.

Ça t'influence quand tu écris ?

Oui, quand j’écris, c’est vrai que même quand j’écoute des albums, des chansons, il y en a qui me touchent pour plusieurs raisons et parfois, ce sont des choses où je me dis, tiens, c’est un sujet intéressant. On a vu Johnny Marr ensemble, et tu vois, moi, par exemple, dans ce concert, je trouve que l’énergie qu’il donne m’a impressionné. Tout de suite, on voit l’aura, c’est carré, et ça, ça me fascine, donc ouais, dans plein de choses, et puis même dans le spectacle, forcément, j’ai mes musiques d’entrée, de fin, de musique d’avant-spectacle, quand les gens entrent dans la salle, et j’adore les choisir comme ça, c’est un peu ma sélection.

Je trouve que ça contribue au mood, quand les gens arrivent, l’état d’esprit. Donc ouais, gros fan de musique.

Et donc, l'écriture, au début, quand tu as commencé, est-ce que ça t'est venu comme ça, d'un coup, tu dis allez, je vais écrire mes trucs, et tu les as testés sur d'autres, pour voir si ça marchait ?

Alors moi, comme le déclic, c’était en sixième, je savais que je n’allais pas me lancer sur scène, donc à 12 ans, mais c’était l’époque de l’avènement des vidéos YouTube, tu vois, des Cyprien, tout ça, et c’est vrai que je me suis dit que j’allais faire ça. Au début, c’étaient alors des vidéos sur YouTube. C’était simple, j’avais un petit iPod Touch, et je faisais mon montage dessus, je me filmais, je mettais les vidéos sur YouTube, et là, ça m’a exercé à avoir le goût de l’écriture, sur des petites idées, sur ce que je remarquais, sur ce que j’observais. Je les notais dans un carnet, et puis, quand il y avait des sujets qui s’assemblaient, je me disais que ça faisait un sketch, et depuis, je n’ai jamais arrêté d’écrire.

Tom Boudet

Et là, ce qui est chouette, c’est qu’avec le spectacle entier, sur la structure, je travaille avec mon meilleur ami depuis que je suis tout petit, et ensemble, quand on était enfants, on faisait des petits courts-métrages, ensemble et là, on pense ensemble sur le spectacle, donc c’est trop chouette. C’est cool. Oui, vraiment.

Qu'est-ce qui t'inspire pour écrire ?

C’est un peu tout.  C’est sur l’observation de la société, du quotidien.  Je note beaucoup des petites choses, de ce que j’entends, des expressions, après, il y a aussi sur la vie que je mène qui est un peu à part, parce que, là, j’ai la vingtaine, et puis, beaucoup de mes potes sont soit au boulot, soit en études, moi, je suis encore à part, ça fait longtemps, ça fait 7 ans, là, que je vais faire de la scène, j’ai commencé jeune. Puis sur la vie même que je vis, du basculement, un peu, de l’âge adulte, de la responsabilité, de tout ça qui s’offre à nous. Il y a un regard sur les gens, puis sur moi-même, un point introspectif, et voilà.

De tes proches, aussi ?

Oui, beaucoup, beaucoup, la famille, les amis de mes parents, mes amis, les relations amicales, amoureuses que j’ai vécues quand j’étais petit, au collège, beaucoup. Et quand ils te voient après, ils se retrouvent, ils disent, ah, là, tu parles de moi ? Ouais, ouais, oui, bah, d’ailleurs, à chaque fois, il y a toujours ce fameux truc de, mais non, on n’a pas dit ça, ou on n’a pas fait ça, alors que tout est vrai.

Mais, bon, forcément, c’est mon travail, aussi, de singer, d’étirer la chose pour la rendre comique, mais j’essaie que la base soit vraie, parce que ça m’embêterait de raconter quelque chose qui est complètement faux, mais, voilà, je prends un détail et j’en fais un gros plan.

Et, donc, le titre de ton spectacle, Tom Boudet vous dit quoi ? C'est en référence au Nord ?

Oui, complètement, c’est ça. Alors, le spectacle, j’évoque très peu le fait que je sois d’ici, mais je trouvais ça bien d’avoir un petit clin d’œil, et surtout que je n’avais pas envie d’enfermer le spectacle dans un thème particulier, comme c’est du stand-up, on parle de plein de sujets. Et vous dit quoi, j’aimais bien ce terme, vous dit quoi, c’est je vous raconte quelque chose, je vous dis quelque chose, et pour un premier spectacle, comme c’est mon premier, qui est souvent celui où on se présente, quand on est humoriste, pour un premier spectacle, je me suis dit, tiens, ça colle bien, et c’est marrant parce qu’en tournée, quand je suis dans d’autres villes, les gens, maintenant, connaissent l’expression, grâce, je crois, à Bienvenue chez les Ch’tis, il y a tout un truc là-dessus, donc c’est bien, au moins, ça fait un petit clin d’œil, et c’est chouette quand je retrouve des gens du Nord ailleurs, en France, c’est trop bien.

Il y a peu de temps, tu faisais les scènes ouvertes au Berthom ( un bar lillois). Et aujourd'hui, tu te retrouves sur des scènes à Paris. Tu as eu une évolution plutôt rapide…

Oui en fait, c’est la chance que j’ai. Cela étant, je travaille pour, mais c’est quand même une chance de me dire que chaque année, il y a une étape qui est franchie, et c’est trop chouette.

Donc, il y a eu des émissions, il y a eu le fait d’avoir le spectacle, de jouer, là, par exemple, de jouer toutes les semaines, je joue tous les lundis au Point-Virgule, qui est une salle mythique, donc c’est trop bien d’être adoubé par ses pairs, de faire des premières parties dans des grandes salles, enfin, tout ça, c’est super chouette. Et en même temps, moi, je vis entre Lille et Paris, mais j’ai encore un gros attachement à Lille, parce que le stand-up est en train vraiment d’émerger, justement, depuis deux, trois ans, et le Berthom, par exemple, comme le Spotlight, ce sont des endroits qui nous offrent un moment pour jouer, pour tester et pour créer un peu, donc c’est super.

Le Berthom c’est trop chouette, parce que on aménage, en fait, toute la scène, toute la salle pour que ça soit vraiment en formule stand-up, on est proche des gens, et moi, c’est comme ça aussi que j’ai créé le spectacle, quoi, en testant des bouts de sketchs. C’est super d’assister à la naissance de quelque chose, parce que le stand-up, ça émerge partout en France, mais là, à Lille, se dire que dans de plus en plus de lieux, ça prend, c’est trop cool. Et le point-virgule, ouais, c’est effectivement une scène culte, c’est une salle culte. Il y a plein de personnes qui ont commencé là-bas, Elie Kakou, ….

Et ça fait quoi de se retrouver là, parce que t'y es quasiment tous les jours, là ?

Chaque semaine, c’est le spectacle, et puis, pour moi, c’est un honneur.

Moi, c’était la salle que je rêvais de faire à Paris, alors que c’est une petite salle de 100 places, mais c’était la salle que je rêvais, et vraiment, on est prolongé, pendant deux ans ! ça fait deux saisons que j’enchaîne, c’est trop chouette, c’est super, puis en effet, il y a ce côté où moi, j’en parle, quand je dis point-virgule, n’importe où en France, tout le monde connaît, et encore une fois, c’est une belle salle pour travailler son spectacle, comme tu es proche des gens, c’est 100 places, mais les places sont très proches, le balcon même est assez proche de la scène. C’est aussi pour apprendre son métier, c’est le mieux, je trouve.

Et j'ai vu aussi que tu as fait le Comédie Class avec Eric et Ramzy ?

Oui, ça, j’ai fait la première saison. Le tournage, c’était il y a deux ans.

J’ai été finaliste, c’était super. C’était très intense parce que ce sont des émissions qui te mettent un peu en condition limite, un peu de télé-réalité, c’est-à-dire que pendant trois semaines, on était enfermés, on devait écrire des sketchs sous 48 heures, sous des contraintes, l’humour absurde, l’humour noir, mais justement, créativement, moi, c’est ça qui m’a plu, et c’est pour ça que j’ai fait l’émission, c’est de me dire, je ne fais pas d’humour noir sur scène, donc qu’est-ce que je vais faire quand on va me demander de faire de l’humour noir ? Et en effet, il y a la pression que je voulais de voir Eric, Ramzy, plus un guest, comme Florence Foresti, ou  Marina Fois, Jérôme Niel, Mister V, Jean-Pascal Zadi, donc c’est prenant… Enfin, surtout Florence Foresti qui est pour moi vraiment la boss. Mais c’est super, parce qu’on a eu des bons retours, ils ont un regard, ce sont des gens qui ont fait de la scène, qui ont fait du cinéma donc c’est super, et puis moi, ça m’a forgé. Cela m’a aidé à gérer la pression, c’est trop cool.

Et il y a eu comme un déclic, peut-être, qui t'a conforté dans l'idée que tu étais à ta place…

Oui, je crois qu’il y a eu ça, encore plus, et puis ce qui est chouette, c’est qu’entre la fin du tournage et la diffusion, il fallait un peu se préparer, parce qu’on s’est dit qu’il y allait avoir la diffusion de ça.  Il faut bien préparer le spectacle, et ça m’a professionnalisé, en fait. Après ça, j’ai eu mon metteur en scène, je suis rentré dans une petite boîte de prod, et le spectacle, on l’a bien bossé, donc il y a eu vraiment cette professionnalisation qui est hyper agréable. Parce que c’est ça qui nous fait dire, tiens, là, je passe à une étape. C’est de se dire que j’ai une petite équipe autour de moi. C’est trop chouette, c’est vraiment bien, et puis, paradoxalement, quand on est humoriste, on est un peu seul sur scène, mais moi j’aime bien partager ces moments-là en groupe, c’est pour ça, d’ailleurs, je suis toujours un peu envieux des musiciens, pour le coup, et c’est pour ça que j’adore l’aspect groupe, l’aspect équipe.

Tu salues à plusieurs, quand il y a un bon concert, tu le partages, quand c’est un moins beau concert, bon, ce n’est pas grave, vous débriefez ensemble, et après vous passez à autre chose. Et quand tu es humoriste, tu prends tout, tout seul, donc aujourd’hui, d’avoir une équipe, c’est un luxe.

Et justement, tu parlais de ton metteur en scène Tom Dingler… ça fait quoi de te dire que c'était la voix de Motus, quand même ?

Oui, exactement ! C’est vrai que c’était un peu le sniper de Motus. Tu sais que j’ai appris ça récemment, en plus. Moi, je connaissais surtout ce qu’il faisait avec Alex Lutz, parce que c’est le metteur en scène d’Alex Lutz, et il a travaillé sur plein de choses avec lui, notamment Catherine et Liliane, tous ses films donc je le connaissais surtout par ça. J’avais vu beaucoup d’interviews, mais j’ai appris récemment, sur la voix de Motus, mais c’est super, parce que Tom, il a une expérience assez dingue.

Moi, c’est ça que je recherchais, c’est un metteur en scène. Lui, il a une vision, une approche plus comédien, plus cinéma, plus dans le jeu, donc moi, ça m’a encore élargi le champ des possibles, et c’est super, c’est quelqu’un d’expérience, c’est quelqu’un de trop cool. Et que j’ai rencontré sur Comedy Class, c’était le directeur artistique de Comedy Class, et on a matché directement. Non, j’adore, c’est un super mec.

Et sinon, alors, sur ton Insta, au niveau de la com, pour Le Splendid, là, vous gérez quand même grave, vous faites plein de trucs sympas et originaux…

En fait, c’est trop chouette, parce que Le Splendid, c’est une grosse étape pour moi, c’est la première grande salle que je fais à Lille. Moi, j’ai joué pendant 4 ans ici au Spotlight, et là, d’un coup, de faire une salle de 500, c’est différent.

Et moi, je trouve que, surtout aujourd’hui avec les réseaux, la com fait partie de notre travail, et c’est bien de s’en amuser, de s’en servir et de ne pas juste faire une simple pub en disant, venez me voir à telle date. Et moi, tout de suite, avec l’équipe, j’en ai parlé, j’ai dit que j’avais envie de faire plein de choses, j’ai envie de me motiver. Donc on a commencé par faire des affichages dans la rue avec mes potes perso, donc c’était chouette.

Là, on va refaire des choses. Par exemple, là, on a flyé aussi en métropole, dans des centres commerciaux. On va aussi après un peu passer dans les médias.

J’aime bien tout cet aspect-là. Quand en plus ça colle avec mon image et ce que je raconte dans le spectacle, je trouve que c’est chouette. Ce n’est pas complètement à l’opposé de ce que je fais sur scène.

Là-dessus, on s’amuse vraiment beaucoup. Et comme à Paris, on fait plein de trucs aussi chouettes. Ça nous sort juste de faire la promo pour un média ou en jouant.

 

Ça amène quelque chose en plus. Ça rend la période vraiment agréable et motivante.

Merci Tom pour l'interview

Rendez vous au Splendid de Lille le 25/11/25

Photos Vanessa Lhrx