Interview de Nada surf au Zénith de Lille le dimanche 20 avril 2008

A l’occasion de leur présence sur l’affiche du festival des Paradis Artificiels, nous rencontrons Nada Surf. Matthew nous ouvre les portes de la loge pour une conversation à trois, marquée par l’émotion… Et la fatigue ! En effet, la tournée venant de commencer pour eux, ils arrivent à peine à Lille…

Comment s’est passé l’enregistrement de Lucky ? Etait-ce différent des autres albums ?

Non ce n’était pas vraiment différent, sauf que pour ce dernier album il n’y avait qu’une personne qui produisait le tout alors que pour les deux derniers, il y avait une variété de personnes (pour mixer, arranger, etc.). Avoir une personne qui s’occupait de tout et qui avait un son que j’aime vraiment l’a permis de lâcher le concept de production. Je pouvais donc jouer sans m’inquiéter. Sinon nous n’avons pas vraiment de feuille de route, il n’y a pas de direction prédéfinie qu’on essaie de suivre.

Une petite différence est que j’ai finalement écouté une tonne de K7 que j’avais, parce que très souvent, quand je compose quelque chose je sors mon magnétophone, j’invente un petit truc, 20 minutes, trois heures, je sais pas, et très souvent quand j’ai fini je ne réécoute jamais. Ce sont des tonnes de K7 avec plein d’idées musicales. La raison pour laquelle je ne réécoute pas, c’est parce que 98% du temps, c’est médiocre et s’écouter comme ça c’est dur car ça me met la pression et j’ai l’impression de rater. Cette fois j’ai écouté 20 K7 et j’en ai retranscrit. Il y a une partie des morceaux qu’il y a sur ce disque qui date d’il y a 10 ans ! J’ai le sentiment d’avoir rattraper le chemin

Dans la dernière interview avec Tof de Rock In Chair, il a demandé à Daniel ce qu’il prévoyait pour le prochain album (qui est aujourd’hui Lucky). Il avait répondu qu’il aimait bien les sons électro et que ça l’intéressait… C’est bizarre, non ? Vous n’avez pas du tout exploité la brèche des sons électro, c’est différent de Nada surf …

Je me demande de quoi il parlait !

Peut-être…ça ne m’aurait pas surpris s’il avait dit un son électrique, un son lourd, tu sais comme on n’habite plus dans la même ville, lorsque nous répétons, c’est pendant un mois. Il y avait des moment où on n’avait pas assez de matière et on commençait à inventer des trucs dans la salle de répétition, et quand on invente des trucs c’est surtout moi qui impulse quelque chose comme du  « faux métal » car c’est plus facile d’inventer des trucs aux sons lourds.

On avait donc beaucoup de morceaux très lourds et avec le temps je me suis dit que je ne croyais pas que j’allais finir ces chansons car elle ne sont pas nées avec une âme et donc ça ne m’intéresse pas. J’en ai fini une ou deux.

A mon avis c’est dans le sens où il pouvait ajouter des petits sons de sampler sur certains morceaux.

Ah oui donc oui peut-être… Les mots me manquent… Avec ces K7, en fait il me manquait une ou deux chansons à la fin et donc j’ai passé mon temps à faire ça et non pas à construire, peut-être pour le prochain.

Là vous n’êtes plus signé chez une Major, qu’est ce que ça change dans votre création ?

Dans notre création… On est indépendant depuis the proximity effect, même si quelque chose est distribué par Virgin dans un pays, on est vraiment indépendant et c’est beaucoup mieux.

Ca ne change rien dans le moment de création car c’est un moment de liberté mais pour finir les chansons, personne ne s’en mêle. Lorsque nous avions fini the proximity effect, notre éditeur avait une bonne oreille et même s’il ne portait jamais de costumes il en portait un dans sa tête et ce n’était pas marrant. Il y a des moments pour des critiques constructives mais pas quand ça va ! Tout va très bien depuis 10 ans maintenant.

Vos chansons ont été reprises pour des séries, des films… Est-ce que vous allez écrire pour un film, faire un B.O. ou avez-vous été contacté pour en créer une ?

Oui, je ne sais pas pour une bande originale, un jour peut-être, il y a une chanson sur le disque qui s’appelle ‘here goes something’, c’est une chanson que j’ai écrite pour un film en anglais qui s’appelle ‘the Martian child’, avec John Cusack

On était dans une salle de conférence avec des gens de la Fox et ils m’ont demandé si je souhaiterais écrire une chanson pour une scène. C’était tout nouveau pour moi ! Ca s’est passé il y a 3 ou 4 ans lorsque Ira et moi avons fait une petite tournée, on a joué pour des directeurs artistiques dans leurs bureaux. Je venais d’avoir un fils et on a laissé ça pour un moment, je suis parent seul, je ne suis pas avec la mère de mon fils.

Dans cette salle de conférence, ils m’ont demandé si je voulais écrire une chanson pour une scène qui parle d’un homme qui a un enfant et a une situation pas exactement « normale » et adore son enfant, sa vie change, etc. Il a presque décrit ma vie et j’ai dit oui, il ne savait rien à propos de ma vie personnelle, c’était encore dans une période où je ne parlais pas de mon fils. J’étais choqué de cette demande mais naturellement j’ai écrit cette chanson que j’adore, c’est presque ma chanson favorite sur le disque, sans m’envoyer des fleurs, c’est juste que j’adore le sentiment qui parle de « sa majesté » et ce que je dis, c’est que même si un roi finit toujours par être un dictateur, dans l’idée romantique d’un roi c’est le seigneur qu’on aime, pour qui on vit, on le sert et on l’adore. Comme tout le monde, enfin surtout les gens qui sont parents, on sert nos enfants, on les aime et on leur doit tout et donc j’étais si content d’écrire cette chanson purement d’amour que finalement je ne voulais pas la donner au film !

Bon, on avait un contrat donc je lui ai envoyé, mais trois mois plus tard ils ont trouvé que ça ne marchait pas dans la scène donc on m’a rendu ma chanson, j’étais content parce que même si j’aime beaucoup John Cusack et que j’aimerais beaucoup avoir une de nos chansons dans ses films, je préfère avoir celle-ci sur le disque. C’est super ce qui se passe avec la télévision. Tout a changé aux Etats-Unis il y a cinq ou six ans parce que Mac Donald a utilisé une chanson de The Shins pour une de leur pub et c’était à la sortie de leur premier disque et tout le monde était d’accord, le disque a fait un carton artistique tandis que dans les années 80 par exemple, il y avait un groupe qui a fait une pub pour une bière et leur carrière était finie car la perception était différente et on ne les a pas jugés comme de vrais artistes.

Je voulais rebondir sur l’écriture, vos textes sont personnels et le fait d’écrire pour une bande originale, pour quelque chose de précis ça doit changer ?

Je ne sais pas, ça serait peut-être la même chose.

Au final, je ne réussis à faire les choses que tristement et là c’était une belle coïncidence, les gens sont capables de faire de si grands ponts, il n’y a pas de forme basique de la chanson, il y a « je t’aime tu ne m’aimes pas » ; « tu m’aimes je ne t’aime pas », « tu m’aimais tu ne m’aimes plus », « je veux quelqu’un, je veux être seul », « je veux plus d’énergie, je n’en ai pas », « je veux moins d’énergie je suis nerveux », « je ne sais pas ce que je fais dans la vie », « j’ai des ennuis »…

C’est ce qui donne le tout, les métaphores donnent le caractère et le contenu, les choses qu’on ne peut même pas nommer, chaque personne se fait sa propre histoire de la chanson.

L’écriture chez Nada Surf c’est très personnel, souvent mélancolique, comment écrivez-vous ? J’ai beaucoup lu que vous êtes honnêtes lorsque vous écrivez, qu’est ce que vous en pensez ?

Honnête oui, interpréter les choses c’est comme une super-réalité où les choses sont un peu plus dramatiques. Personnellement, si je n’aime pas du tout le drame dans la vraie vie je crois que dans les chansons j’exagère de 10%, presque jamais devient jamais, presque sûr devient sûr. J’ai besoin d’exagérer, si je ne le faisais pas dans les chansons je trouverai une autre manière de le faire, je trouve que je suis plus brave dans l’écriture que dans la vie, plus honnête même qu’en parlant, même si c’est exagéré, le sentiment est plus…

C’est un exutoire ?

Ouais c’est ça. Normalement je parle juste de la vie de tous les jours mais … j’ai perdu le fil…(beaucoup de bruit et de passage, ndlr).

A certains moments, j’essaie de le faire mais ça ne marche pas, lorsque je pars en tournée, je m’isole un petit peu parce qu’il faut que je sois à la maison en ne faisant rien pour composer, c’est pénible car je dois gaspiller un peu de temps pour que je m’applique. Ce n’est pas vraiment m’appliquer dans la musique mais dans la vie, il faut que je range tout, que je paie le téléphone, des choses de la vie…

Quelle est la chanson ce soir que vous attendez de jouer ?

Je ne sais pas, comme toujours en ce moment ce sont celles du nouvel album.

Je peux oublier mes mains et juste faire attention au chant. Il y a un changement ces dernières années, j’étais seulement un guitariste qui essayait de chanter, maintenant je suis un chanteur qui essaye de faire de la guitare !

Vous avez écrit des chansons en français et avez fait des reprises de chansons françaises, avez-vous d’autres projets en français ? Sinon aimeriez vous collaborer avec des artistes français du moment ?

Oui j’ai repris une chanson du dernier album de Charlotte Gainsbourg. On a joué pour le vernissage d’un ami la chanson en français sur Lucky.

C’est bien que ce soit arrivé parce que quand j’essayais d’écrire en français pour une chanson précise ça ne marchait pas, celle-là est sortie naturellement, comme quelque chose que je n’arrivais à exprimer qu’en français.

Lorsqu’on est en studio on essaie toujours de faire quelque chose en français car dans les maisons de disques il y a toujours quelqu’un qui dit « comme vous le parlez, s’il vous plait écrivez une chanson en français. On a essayé de faire la décadence de Gainsbourg et ça n’a pas vraiment marché. A la dernière minute, notre manager français du moment m’a joué l’aventurier et m’a dit « ça te dirait de faire ça ? » j’ai dit ouais d’accord, en 1h30 elle était finie.

J’ai un peu honte car je n’avais aucune idée que c’était un tube et donc j’ai honte car c’est une reprise d’un tube, c’est presque trop facile et quand on l’a joué dans les festivals, j’étais complètement surpris quand le public explosait ! Wow…

On est ami avec Benjamin Biolay, il a fait des partitions de cordes pour nous il y a quelques années.

(Daniel arrive et s’écroule sur le sol… Ndlr)

Ce soir c’est particulier, vous jouez avec Serj Tankian, c’est musicalement différent ?

Je ne le connais pas beaucoup mais il a l’air d’avoir des gammes intéressantes. C’est comme les festivals, c’est bien, ce sont des juxtapositions accidentelles.

Vous tournez en Europe, sentez-vous des différences au niveau du public selon le pays dans lequel vous jouez, notamment comparé au public américain ?

Je répondrais de deux manières, ce sont généralement des personnes qui aiment ce que nous faisons donc des qualités entre pays pas vraiment, ce sont des qualités entre personnes qui aiment les chansons mélancoliques ou positives, ce qu’on fait, ça atteint un certain genre de personne mais je ne sais pas quel est ce genre. Et d’un autre niveau, on peut vraiment sentir la différence entre les gens, Manchester en Angleterre c’est vraiment les gens qui aiment la chanson, c’est une ville où il y a un historique musical fort notamment avec la pop et puis ça dépend du pays, en France on a une histoire plus longue on a tout de suite joué dans des grandes salles pleines alors que dans certains pays on a joué pour 50 personnes puis 150, 300, etc. Et là on est là depuis longtemps.

Y a-t-il une date qui vous a marqué ?

Je suis désolé de répondre ça mais pour nous à chaque date on est surpris, ce sont des bons moments.

En parlant de juxtapositions bizarres, on a joué une fois dans une ancienne arène entre Morphine et Boby Count, il est mort le chanteur de Morphine maintenant mais ce concert était fabuleux, il a dit sur scène lors du premier rappel : « on ne va pas jouer une chanson, on ne va pas jouer deux chansons, etc. lentement et il a fini par : on va jouer 19 chansons de plus ! Et ils ont joué pendant des heures de concerts, c’était joli !

Les organisateurs devaient être contents !

Probablement pas !!

Par rapport aux élections aux Etats-Unis, vous attendez quelque chose de particulier ? Un changement ? Vous avez un espoir ?

Oui j’ai beaucoup d’espoir, j’ai un petit peu peur en ce moment car Clinton et Obama ça commence à prendre tellement de temps et ils font tellement de dégâts en se disputant le rôle du meilleur démocrate que ça va être dur avec les républicains et Mc Cain reste là au calme, il se prépare, ça commence à me sembler possible que les démocrates perdent.

Au moins Mc Cain est un homme intelligent, ça fait peur, et puis avec la chute du dollar c’est la fin !

A la base ce n’est pas la plus mauvaise des choses sauf que les Etats-Unis emportent le monde avec ! Mais bon, un changement ce serait mieux pour nous tous.

Personnellement j’aime Obama.

S’il y avait une question que vous aimeriez qu’on vous pose ce serait laquelle ?

Tu veux du chocolat ?

Perrine et Juliette

On vous a vu cet été au festival de Dour, c’est un festival que vous aimez ?

C’est un des premiers festivals qu’on a fait. Le premier été où on a fait des festivals était en 97. Après, on est revenu il y a 3 ans. Je crois que c’est, avec les Transmusicales de Rennes un des premiers festivals où on avait joué. On en garde toujours de grands souvenirs. La dernière fois, en plus, on avait retrouvé des copains qu’on n’avait pas vu depuis longtemps. Quand on avait joué en France, on avait tourné avec un groupe qui s’appelait Montecarl. Le batteur et le guitariste sont maintenant dans As Dragon. On a eu beaucoup de plaisir à les retrouver là bas. C’était en 2003 et on a fait la fête avec eux. Cette année, on jouait de jour, c’était pas mal, il y avait beaucoup de monde. J’avais du mal à croire qu’il y ait autant de gens.

Vous avez fait Benicassim, Rock en Seine…Au niveau festivals, ça va, non ?

Il y en a beaucoup, c’est vrai, et ça commence un peu aux Etats-Unis l’histoire des festivals. Plusieurs commencent à démarrer là bas mais pour l’instant ça se fait surtout en Europe.

Nada Surf existe depuis déjà 10 ans, c'est passé très vite !!

Carrément ! Ira est venu dans le groupe en 95. Ca fait donc 11 ans. Matthieu et moi avions commencé 2 ans avant avec un autre batteur. Ce n’était pas vraiment la même chose. Quand Ira est arrivé, tout a changé !

Comment s’est passé cet anniversaire ?

On a voulu fêter çà, on avait l’idée de faire 3 concerts, un à Los Angeles ou Seattle, un à New York et le dernier à Paris. On jouait 4 soirs de suite dans un club, et on jouait le premier soir tout le premier album avec les faces B et des reprises, idem le deuxième soir, avec le deuxième album en entier et ainsi de suite… On n’a pas eu le temps de le faire mais je pense que c’est quelque chose qu’on fera un jour. Il y a plein de chansons qu’on a oublié. On adore jouer des morceaux pendant les balances et parfois on est complètement paumés. Il faudrait les réécouter et les réapprendre !

Comment peux tu expliquer la stabilité dans le groupe ?

On nous demande souvent quel conseil on pourrait donner à un groupe qui débute. Matthieu et moi disons toujours la même chose. C’est beaucoup plus facile de prendre un de ses meilleurs potes et lui montrer à jouer de la basse ou de la batterie que de trouver un très bon guitariste ou batteur et devenir ami après. C’est très difficile, ça. On s’adore vraiment dans le groupe. On prend les décisions dans le groupe toujours en commun. En plus, on est 3, il y a toujours quelqu’un qui tranche. Mais chacun de nous a un droit de veto total. C’est-à-dire que même si je suis seul à penser quelque chose et que j’en suis sûr, je peux utiliser mon droit de veto. A la fin, quand on décide quelque chose, on doit tous être 100% d’accord sur cette chose.

J’arrive à comprendre la position des autres et comme j’ai un droit de veto que je n’utilise pas, c’est que finalement, moi aussi je suis totalement d’accord. Après, de cette manière, on n’a pas de retour du genre : ‘j’avais dit de ne pas faire ça !’ Ca aide pour le groupe de ne jamais regretter les choses. Même si on a eu beaucoup d’emmerdes, on peut avoir l’impression parfois que prendre une autre décision aurait été mieux mais tu ne peux pas être sûr donc on regarde plutôt devant.

Si tu vais quelque chose à changer à ‘the weight is a gift’ aujourd’hui, ça serait quoi ?

Rien, en fait. On aurait peut être attendu un peu avant d’enregistrer parce que là, on est entré en studio 2 semaines après avoir terminé la tournée de Let Go qui avait duré 2 ans et demi. On aurait pu attendre plus mais là, c’est cool ce qui est arrivé. On est allé en studio, on n’était pas du tout prêt et on a commencé nos chansons. On a arrêté d’enregistrer mais on a alors continué d’écrire. On est alors revenu sur les chansons qu’on avait écrites près de 6 mois plus tard.

Quand tu écris une chanson, c’est difficile de revenir dessus, dans ta tête, s’il te manque un couplet par exemple. Tu es dans un monde, et c’est dur de revenir plusieurs mois après et te remettre dans le même monde pour écrire ce qu’il te manque. On a donc plein de chansons dans cet album qui ont un couplet différent non seulement au niveau de la lettre, pour les paroles, mais aussi au niveau rythmique et mélodique.

Ca a apporté une profondeur à nos chansons, elles sont plus complexes et touchent à plus de sujets. Les mélodies varient plus dans les titres aussi. Il ne faut pas regretter car il y a toujours quelque chose de positif dans les choses.

Quand tu as des problèmes, ça te fait trouver une énergie. On ne savait pas qu’on était capable de revenir sur des chansons après avoir attendu près de 9 mois. Forcément, ça aurait coûté moins cher de tout faire de suite mais l’album n’aurait peut être pas été aussi bon. On n’a pas vraiment galéré pour les morceaux finalement et les morceaux où on a galéré ne sont pas sur l’album.

On avait 23 titres et avec 6 mois de studio en plus, on aurait fait un double album mais on ne voulait pas trop attendre. On a fait notre choix. En ce moment, on a en tous cas très envie de bosser sur un nouvel album, on a déjà beaucoup de morceaux.

Vous avez déjà une idée du son du prochain Nada Surf ?

Quand on fait un album, on n’a pas de direction spécifique. Ce sont les chansons qui nous entraînent. C’est à la fin les chansons qui font l’album. Si on avait fini les chansons qu’on n’a pas eu le temps de finir avant, notamment une de mes préférées, l’album aurait été différent. On n’a pas de cap spécifique. On a des styles et quelques trucs, mais on ne veut pas des tonnes de solos de guitares parce qu’on ne sait pas le faire. On aime l’électro, et des sons de batterie très purs. On adore la clarté des sons, sans trop mettre de guitare. Avant, on avait peur de nos voix et on avait des soucis avec nos paroles, on se cachait avec un gros son. Le premier album est très différent de ‘The Weight is a gift’ par exemple. La voix est plus présente dans nos mixs maintenant.

Y a-t-il eu un moment où sur scène, vous avez ressenti une forme de magie ?

Ca arrive tout le temps. Tous les soirs, quand on se lâche, qu’on n’a pas trop de galères, des amplis qui marchent, tu vis le moment et tu profites du fait que tu sois là, avec le public. Tu fais quelque chose que tu adores faire. Il y a des moments où tu te dis que c’est mortel. Par exemple, on joue Concrete Bed en premier rappel maintenant. Avant, on le jouait en premier, là ça me coupe le souffle ! Il y a des moments comme ça. Il y a toujours un moment où on sent qu’il y a un truc qui se passe et en général, on a la chance que ça se passe tous les soirs !

Y a-t-il des morceaux que vous avez marre de jouer ?

Non, on a, à peu près 60 titres et on en joue 20 par soirs. On peut toujours changer, ajouter, enlever. Comme en plus tous les concerts sont différents, on a l’impression que les morceaux changent à chaque fois.

Tu as envie d’écrire encore en français ?

J’avais écrit un titre en français sur Let  go. Je parlais français avant de parler anglais mais écrire en français n’est pas obligé pour moi. Quand j’ai écrit ‘Là pour ça’, on ne nous avait rien demandé. Je venais de passer 2 mois en France et quand je suis rentré à New York, les paroles de la chanson sont sorties en français. Le français se prête bien à la rythmique de la chanson. Je voulais utiliser le français qui est très riche.

Tu as écrit pour l’album de Coralie Clément. C’est une expérience que tu aimerais refaire ?

Coralie était ma copine. On habitait ensemble sur Paris, elle voulait écrire, j’ai donc commencé avec elle. Après, on travaillait ensemble. Pareil sur une chanson que Benjamin (Biolay) lui avait écrite. C’était complètement différent de Nada Surf. Pour Nada Surf, j’ai une panique totale au moment où je dois montrer mes idées au reste du groupe. Matthieu doit me harceler à chaque fois. J’ai peur de leur réaction. Avec Coralie, j’avais très peur de son frère Benjamin, sinon avec elle, c’était très facile d’écrire. Il n’y avait aucune pression, on se marrait.

Tof