Quelles sont les influences de « Alice aux pays des merveilles » sur « Eat Me Drink Me » ?
En fait, ce n’est qu’en partie inspiré par « Alice ». Le concept d’être « consommé » par quelqu’un remonte pour moi au mythe du Christ. C’est pourquoi un homme qui est devenu un symbole et ensuite une religion, qui est consommé par tous ceux qui croient en cette religion. Ce disque est le symbole de Marilyn Manson devenant humain pour la première fois. Pour moi, être consommé par quelqu’un, ce qui est un très beau geste de sacrifice et de soumission dans une histoire d’amour. C’est une idée très romantique, au sens littéral du terme. Si je devais choisir une façon de mourir, je voudrais être dévoré vivant par quelqu’un dont je suis amoureux.
Où en est le projet de film Phantasmagoria ?
Il a été mis en suspend en octobre je crois, quelque chose comme ça. Le tournage était sensé se dérouler quand je travaillais sur l’album. L’année dernière, je crois que j’ai commencé à être agacé par le personnage que j’écrivais, qui devait être Lewis Caroll. En fait j’étais en train d’écrire sur moi. Je pense que c’est bien d’avoir une certaine distance avec le film, je vais pouvoir avoir une meilleure perspective. A ce moment là, le disque n’existait pas et je ne pensais pas que j’allais l’écrire, parce que j’étais dans une période où je ne voulais plus rien faire du tout. J’étais totalement perdu… je n’avais jamais été dans cet état là avant, et plus jamais je ne veux être comme ça à l’avenir. Dans cet album, on me voit renaître, on voit une histoire d’amour se terminer, et une autre naître. Bien qu’il ne soit pas tant que ça basé sur ma vie personnelle, ce disque est quand même un moyen de comprendre ce qui m’est arrivé. Il y a une partie de moi dans ce disque car je l’ai écrit de manière immédiate. Dans le premier titre, quand je dis «Christmas morning 6 am », c’est exactement le moment où j’ai écrit ce morceau, et je l’ai chanté le même jour. C’est à peu près de cette manière que fonctionne tout l’album.
On remarque de gros changements au niveau musical, quelles ont été vos influences pour la musique d’ « Eat Me Drink Me » ?
Pour la musique, on doit replacer les choses dans leur contexte, l’année dernière. En tant que chanteur, je n’arrivais à rien, à cause de ma relation. Je me suis mis dans une position où j’étais supposé changer ma façon d’être. J’ai l’habitude de vivre d’une certaine façon, assez différente à vrai dire, c’est simple : j’aime aller me coucher quand le soleil se lève et me lever quand il se couche. D’une certaine façon, c’est un comportement de vampire classique, pour moi c’est amusant, mais… quand j’ai eu à changer cette façon de vivre, à cause du mariage, j’ai eu l’impression qu’on me demandait de changer qui j’étais, et je n’avais plus envie d’être moi. Donc je n’avais plus envie de faire de la musique, et je suis presque arrivé à un point où je n’avais plus envie de vivre. Pendant cette période, j’écoutais par exemple Diamond Dogs (David Bowie), Ok Computer (Radiohead) et Purple Rain (Prince). Je pense que j’ai essayé de faire un album que j’aurai envie d’écouter, parce que d’habitude je n’écoute pas ma musique. Mais cet album là, je prends plaisir à l’écouter, parce que c’est le genre de musique que j’écoute en général. Il est plus mélodique, plus orienté sur la guitare et mon chant aussi est à un niveau supérieur. J’ai vraiment voulu chanter sur cet album, c’est aussi une très bonne combinaison aussi parce que la musique a placé la barre assez haut, j’ai vraiment voulu être un bon chanteur sur ce disque.
Il y a de nombreux solos très complexes sur l’album, savez-vous déjà qui va être à la guitare pendant la tournée ?
Oui absolument. Tim Skold, qui a produit le disque avec moi et qui y fait la guitare et la basse aussi, va être sur la tournée. On a déjà un nouveau bassiste aussi, il s’agit de Rob Holiday, qui était avant dans The Prodigy et qui nous a rejoints à présent.
Si vous pouviez décrire l’album en trois mots, quels seraient-ils ?
Quatre ? EAT ME DRINK ME ? lol. Non, sérieusement…Je lisais des livres comme « Lolita » ou je regardais « Bonnie & Clyde » pendant l’écriture de l’album, dans lesquels il y a un regard fatal et romantique ce que devrait être l’amour, c’est un peu tout ou rien. Et à l’époque, une relation amoureuse s’est terminée pour moi et j’ai commencé à regarder les histoires d’amour comme devant être tout ou rien. Quelqu’un doit être capable de se jeter devant une voiture par amour pour vous, et pas seulement parce que vous venez d’y monter.
Parler de vous personnellement dans vos albums n’est pas quelque chose que vous avez l’habitude de faire. Est-ce que vous avez déjà voulu le faire sans le pouvoir parce que cela ne collait pas au concept des albums ?
Je sais que dans le passé, je me sentais restreint à certaines choses que j’étais supposé écrire, directement parce que cela pouvait affecter les gens qui se trouvaient autour de moi. EMDM est le disque où je me suis senti le plus libre, où je pouvais dire normalement ce que je ressentais. Mais ce disque est aussi une tentative de séduction, j’ai voulu l’écrire à la manière d’une performance live. Il y a plein de gens autour de moi quand je suis sur scène à qui j’essaie de faire ressentir quelque chose. Avant, quand j’écrivais un disque, je mettais tout le monde dehors, alors que là, même quand j’enregistrais certains morceaux, il y avait des gens avec moi et je leur jouais les chansons. Tout s’est souvent fait en une prise. D’ailleurs, la majeure partie des chansons, je les ai enregistré allongé sur le sol, c’était assez confortable comme ça !
Vous avez changé d’identité musicale sur cet album, qu’en est-il de votre identité visuelle ?
Est-ce que vous voulez parler de la taille de mon pénis ? lol. Pardon il fallait que je la fasse celle-là ! Je pense que cette tournée va être plus théâtrale que la précédente. J’aimerai que cela soit centré sur moi en tant que chanteur, en tant que performeur. A la minute où j’ai écris « If I was your vampire », j’ai tout de suite su que ça serait la chanson d’ouverture du spectacle, la première chanson de l’album aussi. J’essaie juste de redevenir à l’aise à être Marilyn Manson, peu importe ce que ça pourrait être, mais c’est juste ce que je suis. Je ne sais pas si j’ai bien répondu à votre question, mais si vous essayez de me dire que je suis canon, je suis d’accord avec vous ! lol !
Comment pensez-vous que vos fans vont réagir à la nouvelle direction que vous semblez prendre ?
Je pense qu’il est difficile de déterminer la définition de fans, sauf que j’ai voulu amener les gens avec moi dans cette direction. Alors pour moi ce sont les gens qui ne m’ont jamais aimé, les gens qui ne n’ont jamais écouté ma musique ou encore les gens qui ont une certaine idée de moi et qui découvrent que j’ai changé. Ma principale intention était de convaincre les gens de ma sincérité, et de la nouvelle force que j’ai trouvée en écrivant ce disque. Ce disque m’a pour ainsi dire sauvé, s’il n’existait pas je n’existerais plus.
Etait-ce Ginger qui assurait la batterie pour l’enregistrement de l’album ?
Oui tout à fait, mais ce disque est surtout une étroite collaboration entre Tim Skold et moi, et aussi une vraie intention de ma part de faire sonner ce disque comme la performance d’un groupe en live. Et ça, ça a été la partie facile pour moi, le plus dur a été de chanter. Je n’y suis pas arrivé jusqu’en octobre, je n’arrivais à rien jusqu’à ce que finalement je chante la première chanson, qui a du être « Just a car crash away », et à partir de là, tout est sorti d’un coup, et c’est enfin devenu facile pour moi. Ca a été dur mais c’est arrivé plus vite que jamais.
Pouvez-vous nous parler un peu plus du single, son histoire, ce qu’il signifie pour vous ?
J’ai écrit la chanson alors que je lisais « Lolita », et à cette époque j’étais très proche d’Evan Rachel Wood qui est ma petite amie maintenant. Un jour, elle est venue me voir et elle portait des lunettes en forme de cœurs, comme Lolita, et c’est ainsi qu’est née la chanson, un peu comme pour toutes les chansons de l’album. C’est une sorte de pointe humoristique par rapport à des commentaires qu’ont fait certaines personnes du fait qu’elle soit beaucoup plus jeune que moi. J’ai réalisé le clip moi-même, dans lequel j’utilise une technique 3D empruntée à James Cameron. Pour le moment c’est plutôt un court-métrage, je ne sais pas encore ce qu’il va en ressortir. Il est déjà assez controversé parce qu’il y a un contenu considéré comme pornographique. J’ai voulu qu’Evan soit dans le clip, mais en tant qu’actrice, et je la respecte en tant que telle. C’est pour çà aussi qu’elle a été payée pour le clip, je voulais être honnête avec elle.
Quand « Antichrist Superstar » est sorti, vous aviez déclaré que cela serait toujours un travail évolutif, pensez-vous que peut-être ce nouvel album est une manière de montrer un antéchrist grandi, qui a vécu au coté des humains et ressenti le plus puissant des sentiments, l’amour, et qui raconte ce qu’il a ressenti ?
Quelqu’un m’a dit hier, que le monde entier avait essayé de me détruire et que la seule chose qui m’ait vraiment rendu faible c’est les femmes. Je crois que cela fait parti du mythe du vampire, qu’on ne peut détruire qu’en le poignardant en plein cœur, alors c’est peut-être la même chose pour moi. C’est amusant que ce disque au final semble me montrer plus mature parce que je suis arrivé à un point de ma vie où je suis supposé être plus mature, plus adulte, plus responsable, être marié, ce genre de choses, qui ne fonctionnent pas pour moi. Je suis en fait plus immature, enfin juste moi, alors on peut peut-être parler d’expérience. Mais j’ai fait une peinture que j’ai appelé « Expérience est la maitresse des fous », je suis aussi un peu contradictoire. Mais si « Antichrist Superstar » est un travail évolutif, c’est définitivement une partie de tout ça, d’une manière assez étrange.
Pouvez-vous nous donner quelques détails sur la prochaine tournée ?
A part dire que Tim Skold sera à la guitare, et qu’il y aura aussi d’autres surprises dans le line up, que la première chanson sera « If I was your vampire », rien n’est décidé encore… Je vais faire en sorte que cette tournée soit aussi théâtrale que « Mechanical Animal ». Pour la partie US, on a choisi de jouer avec Slayer, ce qui est très inattendu. Vous savez quand j’étais petit il y avait ce livre « Satan est en vie et il vit sur terre », et cette tournée sera un peu une quête pour le localiser. Je souhaite faire ressortir l’obscurité qui est en moi.
L’équipe de rock in chair tient à remercier Delphine et Noémy sans qui cette rencontre n’aurait pu être possible ainsi que Héléne de Santagore pour ses précieuses bandes !!!
Tof