Interview avec François Delsart
La prog des Bastions du Main Square 2025 est sortie. Quel est ton avis par rapport à ça ? Est-ce que t'es satisfait du travail ? Est-ce qu'il y a des regrets ?
Non, on est un groupe de cinq collègues à statuer là-dessus. Écoute, moi à titre personnel, je pense que c’est une belle sélection parce qu’il y en a vraiment, il y a tout style et surtout tout territoire. Je trouve ça plutôt cool parce que le fait d’être justement comme ça, issu de différents horizons, ça permet aussi d’avoir des artistes qui ne sont pas que lillois parce que c’est aussi important de voir ce qu’il se passe ailleurs en région.
Donc selon moi, c’est encore une fois un bon cru. Il n’y en a jamais eu de mauvais, attention, loin de là, mais cette année est plutôt équilibrée avec peut-être le fait qu’on n’est pas mis dans la programmation de groupes un peu plus extrêmes, comme on avait pu faire avec Oddism. Mais voilà, c’est une année comme ça, quand c’est pas l’année N, ça sera sûrement l’année N plus 1 pour d’autres.
De toutes façons, on est suffisamment sollicités et en veille au sein de nos structures respectives pour voir ce qu’il se passe sur la région.
Les sélections se font par rapport à des groupes qui demandent ou c'est vous qui les sélectionnez direct ?
C’est une évidence, c’est une belle exposition, les conditions pour jouer sont bonnes, donc forcément nous on est sollicités tout au long de l’année. Mais on procède différemment, on arrive avec nos listes d’artistes qu’on voudrait programmer, qui sont bien souvent les mêmes pour nous tous.
Et puis après, on discute de ceux qu’on va mettre pour avoir les 12 groupes. Mais globalement, on arrive avec des avis assez unanimes pour pas mal d’artistes. Du coup, les choix se font par rapport au live et d’autres critères comme l’importance aussi d’une activité durant l’année, qu’elle soit discographique, scénique. Nous aussi au sein de nos structures, il y a des groupes qu’on retrouve sur la saison, qu’on aura programmé en première partie, qu’on aura vu jouer, c’est pour ça qu’il y a cette logique d’audition sur scène, parce qu’on a vu ce que ça pouvait donner.
Aussi c’est important de voir des groupes qui ont énormément progressé tout au long de l’année, plusieurs fois où on a pu les voir.
Et est-ce que vous avez des recommandations par rapport au main square, qui vous demandent tel style ?
Ça, on tient aussi à le souligner à chaque fois. On a une totale liberté, une totale confiance et une carte blanche de la part de l’organisation du festival.
De toutes façons, ça a été aussi une demande de leur part d’accorder une place majeure et importante aux artistes régionaux. Donc on a vraiment une totale latitude sur les groupes qu’on propose, bien entendu avec toujours les critères de base. On ne programmera pas d’artistes qui ont des propos qui ne sont pas raccords, ou des attitudes pas correctes. Mais en tout cas, artistiquement, on a une totale liberté là-dessus.
Et donc même pour les jours, c'est vous qui les placez ?
Oui, on en a 12. Comment on articule le truc maintenant ? Après, il y a des choses qui coulent de source.
L’année dernière, on avait un groupe de reggae, il fallait faire jouer ça le jour de Patrice. On va faire jouer des groupes avec une certaine logique. Si il y a des grosses guitares, il y aura le même jour un groupe où il y a des grosses guitares sur les autres scènes, bien entendu. Il y a quand même un petit côté logique, mais après, il y aura des musiques électroniques un jour où il y a plus de rap, il y aura du rap un jour où il y a plus de musiques électroniques.
On ne se raccroche pas en tous cas à ce qui se fait sur les deux autres scènes.
Et donc sur tous les groupes que vous avez sélectionnés depuis le début, est-ce que t'as eu un coup de cœur particulier sur un des groupes qui est passé ?
Elle est tellement dure cette question ! Elle est posée à chaque interview, à chacun d’entre nous. Bien entendu, nous les douze qu’on a programmés, c’est une sélection à laquelle on est, je ne vais pas dire attaché, mais en tous cas réceptif au travail et qu’on trouve cohérent sur cette scène, etc.
Après, bien entendu, on a tous ou accompagné ou fait jouer certains d’entre eux durant la saison. Donc on a quand même des groupes qu’on soutient de fait. Par exemple, le seul groupe de la région béthunoise, c’est Radio Mono, donc on en attend beaucoup.
Mais après, je pourrais te parler de Dalaï Drama, je pourrais te parler de Lynx IRL qu’on a encore fait jouer la semaine dernière. On a un attachement et une espèce d’habitude pour chacun des groupes qui jouent, et c’est le cas chaque année. On a aussi beaucoup d’amitié pour les groupes qu’on n’a malheureusement pas sélectionnés parce qu’on n’en a que douze à prévoir.
Ça fait toujours aussi quelques déçus.
Mais je pensais aussi, tu sais, par exemple, vous avez sélectionné un groupe et puis pendant le laps de temps, ils ont bien bossé le set encore plus et finalement, ils ont donné un truc mieux que ce que vous attendiez, tu sais, une grosse surprise et tout...
C’est déjà arrivé et l’inverse aussi. Ça arrive à tout le monde, tu sais, peut-être trop de stress, trop de pression, trop d’angoisse parce que c’est quand même un gros nom, un festival majeur en région. Il y a peut-être certains qui se mettent une pression, je ne peux même pas dire inutile parce qu’elle est légitime et puis chacun réagit différemment, mais ça peut arriver qu’un concert soit foiré.
Et tu n'as pas de nom ?
Non, non, non, non, je n’en dirai pas. Non, ce ne serait pas cool.
Après, il y a des évidences. Tu vois, par exemple, l’année dernière, Max 1 & The Rootsmaker, seul groupe de reggae de la sélection et je pense qu’il n’y aura pas de groupe de reggae d’ici un moment. Eux, ils ont vraiment fédéré tout le monde. C’était un bonheur. En plus, ils ont joué vers 20h, c’était vraiment parfait. Des groupes comme Oddism qui sont plutôt dans un métal très extrême, très radical. Mais ça a super bien marché, je trouve. C’est une expérience à vivre. En tout cas, ils ont fédéré tout le monde, métalleux, non métalleux, les gens qui les connaissaient comme les gens qui ne les connaissaient pas.
Après, la liste est longue et on a une affection toute particulière pour chacun qui a joué.
Et donc, quand les groupes jouent, après, est-ce qu'il y a un suivi ? Comment ça se passe ?
L’après des groupes, certains nous échappent et ça c’est cool parce que ça veut dire qu’ils arrivent dans d’autres sphères et ils sont propulsés sur des scènes plus grosses. On pense à Bekar, à Sto…
Après, ça sort du circuit groupe régional, bien que ça le reste toujours. Mais nous, on est au départ de leur futur. Après, nous, on ne les lâche jamais parce que forcément, on est enco prêt à les programmer sur des premières parties ou pas sur des premières parties parfois parce que c’est devenu assez gros pour être tête d’affiche.
On continue aussi à les suivre avec les structures dans lesquelles on travaille pour leur offrir des résidences, des créneaux de répétition. Bien entendu, l’histoire continue avec chacun d’eux.
Après, quand les groupes ont joué, ils vont, j'imagine, dans le village avec les autres artistes. Est-ce qu'il y a moyen de se créer les contacts avec les plus grosses têtes d'affiches ou pas ? Comment ça se passe ?
Oui, oui. Alors ça, c’est le but du Bastion. C’est que, un, ça n’est pas un lieu, entre guillemets, au rabais, dans un coin de festival. C’est vraiment un bel endroit, avec des conditions qui sont optimales. Les artistes sont considérés de la même façon que les grosses têtes d’affiches. Ils ont accès aux mêmes choses, à la même communication. D’ailleurs, même avec une petite communication supplémentaire, vu que ça fait l’objet d’une annonce toute particulière.
Après, nous, si tu veux, les contacts qui se créent, nous, bien entendu, on n’est pas présents. Parce que ça, ça leur appartient.
Mais je pense qu’il y a des dialogues ou des rencontres qui se font maintenant. Jusqu’où ça va, je ne sais pas. Ça, c’est cool.
Et donc, juste la petite dernière question. Quand le Main Square se passe, toi, tu es là-bas pendant tous les jours, et donc pendant ce temps-là, tu n'es pas sur ton lieu de boulot. Donc, tu ne prévois rien niveau programmation pendant ces périodes là, ou comment ça se passe ?
Non, en plus, c’est une période, de toute façon, où programmer est très compliqué. Parce que, de un, les groupes sont justement sur les festivals.
Le public n’est plus réceptif comme il l’est, par exemple, au mois de mars ou au mois d’avril. Donc, il a sa tête au festival. Nous, on fait quand même ça aussi dans le cadre de nos fonctions.
On n’est pas dans nos structures, mais on fait ça aussi au titre des salles dans lesquelles on travaille, des collectivités auxquelles on appartient, etc.
Ok, ça marche. Et donc, pour rappel, pour ceux qui ne te connaissent pas, tu bosses donc au théâtre à Béthune et au Poche aussi ?
Oui, en fait, j’ai la direction des deux lieux. Je programme tout seul le théâtre de Béthune et je coprogramme le Poche avec Arnaud, mon collègue, notamment, qui chante dans Junon. Voilà.
Il a tous les contacts avec les musiques plus radicales, plus extrêmes, mais qui s’occupe aussi de la communication et de la production des deux lieux.
Merci pour cette interview et à bientôt au Main Square ou sur Béthune!
Tof
Programmation Des Bastions Main Square 2025
4 Juillet:
Hamada 16h/ 16.30
Adahy 18h/ 18.40
Dalaidrama 20h/ 20.40
Jungle Sauce 22h/ 22.40




5 juillet:
Hobo Trippin’ 15.05/15.35
Lynx IRL 16.40/17.20
0 degré 18.30/ 19h
Nord//Noir 20.30/ 21.10




6 juillet:
Anaysa 16.10/ 16.40
Sam Sauvage 18.10/ 18.50
Radiomono 20.25/ 21.05
Omar Ek 22.25/23.05




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