Le premier single du nouvel album ‘Love is ending’ sonne très New Order avec ce son de basse au démarrage. Etait-ce quelque chose de voulu ? Y a-t-il une certaine nostalgie des grandes années de Manchester chez toi ?
C’est possible. Je suis très fan de New Order. C’est un de mes groupes préférés. J’ai écrit ce disque à Los Angeles, mais j’ai fait mon possible pour que celui-ci sonne comme un disque écrit en Europe. J’aurai vraiment aimé enregistrer ce disque en Angleterre, qui est l’Europe. (rires)
Tu vis donc toujours à Los Angeles ?
C’est exact mais il est possible que les choses changent prochainement. J’ai actuellement envie de passer beaucoup plus de temps en Grande Bretagne.
Toujours à propos de New Order, tu as collaboré avec Peter Hook sur son projet maintenant défunt Freebass. Tu peux nous en parler ?
Je connais tous les membres de New Order. J’ai passé du temps avec eux. Peter voulait que je contribue à ce projet en chantant sur un titre. Je ne pouvais pas refuser. Si ça avait été pour Barney ou Stephen, je n’aurai pas pu refuser non plus.
C’était quelque chose de spécial pour toi cette collaboration ?
Absolument. J’ai écrit les paroles. Je voulais que Peter aime ma contribution et j’avais une idée dans la tête sur ce que j’allais faire. Peter et moi n’avons jamais parlé du texte de ce morceau, mais je pense qu’il l’a apprécié.
Le nouvel album ‘Who we touch’ a un son rafraichissant et contient des pop songs joliment écrites. Après toutes ces années, comment est-il aussi facile pour les Charlatans de sortir d’aussi bonnes chansons ? Avez-vous une recette miracle car la plupart des groupes durent le temps de trois ou quatre albums, parfois même moins ?
C’est vrai. Je me souviens lorsque les Charlatans se sont formés, nous avions un contrat de management de groupe qui durait 3 ans. Et normalement ensuite nous devions splitter. C’est ce qui était prévu ! Nous ne pensions pas que nous durerions aussi longtemps, et pourtant 20 ans plus tard, nous sommes toujours en activité.
Ce que je ne peux pas faire avec les Charlatans, je l’utilise pour mon projet parallèle. C’est certainement ce qui me permet de garder cette fraicheur d’écriture au sein du groupe.
J’aime aussi produire. J’ai travaillé à la production de pas mal de nouveaux groupes. La plupart d’eux sont de Londres, font du post-punk. Cette jeunesse avec laquelle je travaille doit m’apporter aussi beaucoup d’énergie qui font que les disques des Charlatans sonnent toujours avec beaucoup de fraicheur.
J’ai l’impression que l’album précédent ‘Cross my path’ a été comme un redémarrage dans la carrière des Charlatans. Tu es d’accord ?
Complètement. C’est à ce moment là que j’ai arrêté de boire et de prendre des drogues. Mon état d’esprit est devenu plus sain et cela a certainement contribué à bien repartir avec le groupe.
L’édition limitée de l’album contient un second disque avec des démos et des préversions des titres de ‘Who we touch’. Etait ce votre volonté de sortir le disque ainsi, ou la maison de disques est-elle derrière tout ça ?
C’est Cooking Vinyl qui a voulu ça. Mais lorsque nous avons enregistré les démos avec Mark Collins (guitariste des Charlatans) nous avons essayé de faire quelque chose de bien et de très propre, car nous savions dès le départ qu’on offrirait ces morceaux à ceux qui achètent l’album. J’ai donc essayé de choisir les meilleures idées que l’on avait pu avoir lors de l’enregistrement des ces morceaux. Les versions sont assez différentes de l’enregistrement final. La plupart de ces démos sont plus lentes. Nous découvrions les morceaux à ce moment là. C’est avec le temps qu’ils ont pris de la matière.
‘Some friendly’ a été réédité il y a quelques mois, à l’occasion du 20ème anniversaire de sa sortie. Est-ce que tu a participé à cette réédition ? Est-ce un disque que tu aimes toujours ?
J’aime toujours cet album. Les années passées et forcément il y a une évolution dans le son des Charlatans. Mais je reste fier de ce disque.
Beggars Banquet en 2009 m’a contacté pour la réalisation de l’édition deluxe de ‘Some friendly’. Il y a eu également le Primavera Sound Festival qui désirait qu’on particpe à l’affiche du festival en 2010. Pour nous c’était quelque chose de génial et on désirait fêter nos 20 ans de carrière de la meilleure manière possible. Cependant avec l’enregistrement de ‘Who we touch’, nous n’avons pas donné beaucoup de concerts à cette occasion. Il y a donc eu Primavera, Glasgow et Manchester. Ces concerts restent un grand souvenir car sans vouloir me montrer nostalgique, il y avait à nos débuts des jeunes de 15, 16 ans qui venaient nous voir et aujourd’hui notre public est davantage composé de trentenaires voire même plus. Il y a donc certainement une fidélité dans nos fans, même si il y avait énormément de jeunes devant la scène qui ne devaient même pas être nés lors de la sortie initiale de notre premier album. Les anciens étaient bien là, mais ils restaient au fond. (rires).
Tu as collaboré avec Crookers. Peux tu nous en dire plus ?
Je ne sais pas grand chose sur eux. C’est un groupe qui a visiblement beaucoup de succès, un peu comme Kanye West. Ils font du hip hop. Ils ont sorti cette année un album qui s’intitule ‘Tons of friends’. Je suis dessus, tout comme Kanye West. J’ai aimé cette collaboration avec cette ligne de guitare. Ca sonne un peu blues avec un mix de hip hop. Seb Caudron a réalisé une video de ce titre ‘Lone white wolf’ au moment de Thanksgiving l’année dernière. C’est une video énorme qui a necessité un budget hollywoodien !
Es tu ami avec le groupe ‘The Horrors’ ? Ils ont remixé ‘Love is ending’ et ils avaient déjà retravaillé ‘The misbegotten’ issu de ‘You cross my path’.
Oui, ce sont des potes. Ils ont remixés deux titres de l’album. Faris a contribué à la réalisation de la pochette de ‘Who we touch’. C’est certainement un des mes amis les plus proches. Josh Third et moi travaillons actuellement à mon second disque solo. C’est en chantier pour le moment.
As-tu réellement collaboré avec Joaquin Phoenix et son projet de disque rap ? Il y a eu tant d’intox à ce niveau qu’on ne distingue plus le vrai du faux.
Oui c’est vrai. Avec Joaquin rien n’est très clair, mais l’histoire derrière tout ça c’est qu’un ami m’a emmené un soir dans un restaurant de Los Angeles pour rencontrer Joaquin et parler de son projet. Toutefois, Joaquin n’est pas venu. Nous nous sommes finalement rencontrés dans un studio deux semaines plus tard. Antony Langdon de Spacehog était présent et nous avons enregsitrés quelques titres. Cette expérience a duré deux semaines. Antony a écrit les morceaux, Joaquin les produisait. C’était quelque chose de très intense, de différent de ce qu’on connaît. Il y avait beaucoup de spontaneité pendant les enregistrements. J’ai fait les chœurs et enregistré quelques lignes de guitares. Je ne sais pas ce qu’ils vont vraiment en faire car ce n’est jamais sorti. D’après ce que j’ai entendu, ma contribution vocale devrait être utilisée sur un disque de hip hop qu’Antony planifie de sortir. Je n’en sais pas plus. Je n’ai plus jamais revu Joaquin depuis ces deux semaines.
Un petit retour vers Manchester. Si tu devais choisir entre une reformation de New Order ou de The Smiths, laquelle choisirais tu ?
Definitivement New Order. Ce serait une grande competition entre les deux groupes et ce serait formidable de revoir Johnny Marr et Morrissey ensemble sur scène, mais tu sais que je suis très fan de New Order, donc….
Si les Charlatans n’avaient jamais existé, qu’aurais tu voulu faire comme travail ?
Je pense que j’aurai aimé être designer en vêtements. A la base je travaillais dans un bureau et je n’aurai jamais imaginé que mon rêve devienne réalité. New Order m’a donné l’envie de créer un groupe. En fait je suis né à Manchester mais j’ai vécu dans le Cheshire qui est en banlieue de Manchester. Deux des membres de New Order viennent de Manchester et les deux autres de Macclesfield du comté de Cheshire. Et je me suis dit, c’est dingue deux membres du groupe qui a vendu le plus de singles au monde (‘Blue Monday’) viennent du même coin que moi ! Ca m’a donné le courage d’essayer et 20 ans plus tard nous sommes toujours là.
Manu