Votre nouveau livre vient de sortir, "Métamorphose en bord de ciel" il y a eu pas mal de tournée de lecture, c'était important pour toi de partager ce moment là avec un maximum de personnes, d'utiliser le principe de lecture orale par rapport à un livre ?

Oui ça donne un côté cynique au livre. J’ai beaucoup de plaisir à le lire, à le détourner en essayant d’improviser en racontant l’histoire, à faire des petites mises en scène.

Ca crée une surprise, une interaction qui dédramatise le côté “livre” et puis c’est drôle à faire. Ca me permet aussi de rencontrer des gens qui me lisent avec une certaine proximité, ça me permet d’avoir de vrais échanges, c’est une vraie rencontre.

Le héros du livre Tom Cloudman doit faire face à différentes épreuves de la vie qui vont le faire grandir, c'est un peu ce que tout le monde vit, vous vous retrouvez vraiment là dedans?

Les personnages du livre d’une manière générale sont un peu des autobiographies émotionnelles, y’a pas de choses que j’ai vécu “techniquement” mais c’est un concentré de mes rêves les plus forts et de mes peurs les plus ancrées. Après je me débrouille avec ça et j’essaye d’en faire un récit. Justement écrire un livre ou une chanson ça permet d’exagérer, d’exacerber les choses; les contrastes de la dynamique d’un récit. Après à moi en tant qu’auteur de tirer sur ses fils là, parfois de les casser, à moi de créer un univers autour de ça.

Donc l'écriture permet d'aborder des sujets difficiles comme la mort, la maladie, les peurs…vous vous servez de l'écriture comme une thérapie?

Oui même si on ne se le dit pas consciemment. On ne se dit pas je vais écrire un livre ça ira mieux, ni non plus que ça solutionnera tel problème pour moi et encore moins pour les autres. Au moment  où l’envie se crée y’a du besoin aussi dans cette envie. Il y a une tension en nous qui nous oblige à se bouger. Après il ne faut pas non plus que ce soit que de la thérapie, si c’est que du besoin ça devient trop centré sur soi même et ça manque de générosité. Après pour se donner le courage de tomber suffisamment amoureux de ses idées pour les défendre sur un travail comme celui-ci effectivement il faut qu’il y ait cet immense côté cathartique mais c’est une histoire de dosage; ça peut être un point de départ mais il ne faut pas que ce soit une fin en soi que de se soigner soi pour écrire un livre. Faut réussir à le transformer en une vraie histoire.

"Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi" a inspiré l'album "Monsters in love"; "La mécanique du coeur" a inspiré l'album du même nom, vous aviez choisi la BO pour vos livres précédents, cette fois ci vous passez par les illustrations. D'où vient la démarche? Comment se sont faites les rencontres avec les illustrateurs?

C’est la même démarche. C’est l’envie de se faire surprendre par un angle de vue un peu différent. Quand je fais des chansons autour des personnages je ne les évoque pas de la même manière que quand je les écris dans le livre. Là les illustrateurs je les ai choisi uniquement par gout et par envie. Pas de caste, de style, c’est pas un livre illustré ni un catalogue d’expo, c’est comme un album de remis transfiguré par la sensibilité de chaque artiste. Je les ai choisi sans intellectualiser, ça a crée des surprises et des accidents rigolos et c’est exactement ce que je cherchais dans cette exposition qui se tenait à Paris jusqu’au 1er mai. C’était vraiment une envie de surprendre, comme un album de remis. Après ça m’empêchera pas sur le prochain album de connecter quelques chansons à ce livre là mais je voulais pas non plus faire “La Mécanique Du Coeur” n°2 avec à nouveau les personnages, la chronologie…Il y avait un vrai désir de continuer d’inventer une forme nouvelle qui est directement liée au groupe. Donc il y aura des chansons qui seront des électrons libres qui n’auront rien à voir, et puis des choses connectées à ce livre là. Ce sera un peu comme “Monsters In Love” mais encore d’une manière différente.

Pour revenir aux illustrations, parfois il y en a qui venaient alors que les chapitres étaient pas totalement finis, que l'histoire n'était pas totalement écrite, comment ça se fait?

Alors si, toute la narration était verrouillée. Par contre l’intérieur des scènes et comment elles se passent il y avait des choses qui étaient évidemment en cours d’écriture vu que le travail avec les illustrateurs a commencé il y a un an et demi.

La couverture du livre, vous pouvez nous en dire quelques mots?

C’était vraiment le coeur de l’histoire. Le moment où le personnage de Tom Cloudman est en train de se transformer et métaphoriquement et physiquement. Il décide de prendre le risque de se faire sauver par Endorphine, c’est quand même le point culminant du livre même si il peut y en avoir à la fin c’est le déclencheur de toute l’histoire du livre. En plus l’illustratrice est Nicoletta Tricoli c’est pas un hasard, c’est elle qui a dessiné tous les dessins préparatoires pour La Mécanique du coeur et c’est une artiste dont je me sens éminemment proche en terme de sensibilité.

En ce qui concerne le monde du cinéma, vous avez participé à la BO de Gainsbourg, vie héroïque Luc Besson a acheté les droits de La mécanique du coeur pour en faire un film d'animation 3D…

Que je co-réalise et dont j’écris le script

Donc côtoyer le monde du cinéma ça finit par donner envie de passer de l'autre côté, que ce soit devant ou derrière la caméra?

C’est ce que je fais avec le film d’animation même si c’est des caméras virtuelles. Mais oui c’est une vieille passion, j’ai fais des études de cinéma, j’ai jamais terminé mon mémoire puisque je suis parti en tournée et pas évident de faire du rock’n’roll et la méthodologie scolaire donc j’ai abandonné. En terme de passion ça a toujours été aussi important que la musique et les livres. Cette passion a toujours été là. Même pour “Métamorphose en bord de ciel” si un jour y’a un film ça me tenterait beaucoup beaucoup mais là ce serait un film avec de vrais acteurs.

Vous parlez de musique, de littérature, de cinéma…C'est vrai que toutes vos productions, qu'elles soient musicales ou littéraires sont un savant mélange de tout ça, ce sont des domaines indissociables les uns des autres à vos yeux?

Ils sont indissociables. Après j’ai le parti pris de créer des liens entre eux parce que ça m’amuse, ça m’enrichit et que ça crée de la surprise en soi. Après il y en a qui sont très très bien à ne faire que des livres, peut être que dans d’autres périodes de ma vie ça m’intéresserait d’avoir un moment pour me consacrer uniquement à un livre ou un moment uniquement à un film. Aujourd’hui c’est un peu plus foisonnant, avec des passerelles qui n’arrêtent pas de s’établir et des fois c’est un peu le bordel mais c’est un beau bordel. J’apprends plein de trucs et j’y prends beaucoup de plaisir.

Le fait d'apprendre plein de choses par rapport aux futurs albums de Dionysos ça va servir?

Oui j’espère bien, c’est valable pour moi mais aussi pour les autres membres du groupe. Babeth a son projet solo qu’elle défend en tournée, elle prépare une pièce de théâtre ou elle joue Wendy dans Peter Pan, Rico et Stéphan qui sont en tournée avec Corléone, Miky Biky en projet solo…Quand on se retrouve en salle de répétition on est pas du tout dans une logique automatique de “on a finit la tournée donc on doit faire un album”, on est dans le plaisir. On a 10 à 18 ans de groupe et y’a une vraie fraicheur et une vraie envie de faire quelque chose. On vient de faire une reprise de Bashung qui sort bientôt. On a attaqué le nouvel album aussi, pour quand j’en sais rien vu l’actualité chargée de tout le monde mais en tout cas on est à fond dessus!

Tof et Elsa