Salut! C'est la première fois que quelqu'un arrive avec plein de carnets pour une interview… à toi Floo Wouack

Moi, je me balade toujours avec mes carnets de Croquis. Bon, là, j’en ai pris deux parce que, en fait, ça fera partie de l’anecdote.
Mais tu vois, c’est tous mes carnets de recherche. En ce moment j’en ai deux parce que, la petite anecdote amusante, c’est qu’à Noël, je me suis acheté ce sac à dos, j’y ai mis mes affaires pour tester, et en mettant mon ordi et il ne rentrait pas.

Donc, ça m’a perturbé. Je me suis dit, ah, dommage, ça ne va pas.
Et puis, deux jours plus tard, je me suis dit, bon, je vais le renvoyer, je vais en prendre un autre. Et j’ai renvoyé mon carnet. Oh, p*t@** ! Ah, m*rde ! Donc, laisse tomber.
J’ai cru que je n’allais jamais le revoir. J’ai envoyé des mails sur le site et au SAV où j’avais acheté mon sac pour demander de me renvoyer mon carnet s’ils le trouvait. Mais bon, peu d’espoir.

Et quelques mois plus tard, sans prévenir, j’ai reçu un colis. C’était mon carnet. J’en avais bien sûr, démarré un autre entre temps… D’où les 2 carnets! Parce que ce qu’il faut savoir, mon carnet c’est mon deuxième cerveau! Je l’ai toujours avec moi

Alors, au début, on va voir un petit retour en arrière, ce que tu fais aujourd'hui, etc. Et donc, est-ce qu'il y a des personnes au tout départ qui t'ont donné envie de faire ce que tu fais aujourd'hui ?

 On va dire que j’ai baigné dans le dessin pas directement, mais dans le sens où mon père était dessinateur industriel, donc il faisait tout ce qui était plan d’urbanisme, je l’observais quand il travaillait sur sa grande table de dessin. J’allais
parfois à son bureau et donc je le voyais dessiner, mais ce n’était pas du dessin artistique.

En revanche, j’ai toujours eu cette fibre artistique depuis tout petit. J’ai toujours dessiné et au début, c’était vraiment comme un loisir.

Déjà au collège, j’avais eu les prémices de la découverte artistique par les cours d’arts plastiques, mais ça reste vraiment léger, on va dire. C’est très scolaire, mais il est vrai que j’avais déjà un bon goût de la réflexion artistique, en fait.
Mais par la suite, j’ai voulu me perfectionner et apprendre à « bien dessiner ». J’ai fait des cours
de beaux-arts à L’Atelier de Catherine Tournay à  Marcq-en-Barœul, pas très loin d’ici.
Là-bas, durant quelques années, j’ai appris différentes techniques, à bien observer les choses, à bien construire un dessin.

Floo Wouack militaire

Donc, depuis tout petit, tu dessines en fait ?

J’étais un bon élève, entre guillemets, mais j’aimais bien dessiner sur mes cahiers. Je remplissais aussi des tables en bois dans les salles de classe avec mes stylos.
C’est quelque chose que j’ai toujours fait, dessiner, presque un besoin, vraiment.

J'avais vu que tu avais fait une expo, j'ai noté le We Art 51, où tu as exposé des billets de 1$. Et ça, ça m'a fait penser à Banksy, en fait, qui avait fait ça lui aussi.

Le billet de 1$, c’est un support qui a été énormément utilisé par différents artistes. C’est même devenu un support un peu classique, collector pour les amateurs d’art et collectionneurs. Beaucoup de personnes sensibles à l’art veulent collectionner les billets customisés par différents artistes.
Et avec WEART51, qui n’est pas une réellement galerie, ce n’est pas un exposant non plus. C’est entre les deux. C’est Olivier qui a lancé son business, pour démocratiser l’art.

Son concept est le suivant: l’artiste fait une oeuvre originale, celle-ci est imprimée signée numérotée à 50 exemplaires. Et 50 acheteurs du print sont tirés au sort, et l’un d’entre eux peut gagner la 51e œuvre : l’oeuvre originale.
Et moi, je n’avais pas envie de ne faire qu’une œuvre et de faire des prints. Je voulais qu’on amène quelque chose qui permette d’avoir quelque chose de totalement original. Et donc, ona eu l’idée avec Olivier de faire 50 billets: 50 petits
formats originaux et les 50 acheteurs pourront gagner une grande toile de l’abeille. Ce projet-là, on a réussi à le faire exposer dans un salon de coiffure dans le Vieux-Lille. Et d’ailleurs, ça m’a permis aussi de décorer leur vitrine pour Noël.
très bon support de comm, bien visible!

Et ce qui est intéressant là-dedans, c’est que mon abeille est née il y a moins d’un an.

Floo Wouack en plein travail

Justement, comment est née ton abeille?

Allez, je te raconte!
Tout d’abord, j’ai toujours dessiné au stylo bic, car avec un seul stylo, on peut faire une infinité de nuances d’ombrage, de contraste… et ça permet de dessiner partout sans avoir beaucoup de matériel.

Avant, je me suis mis à peindre des portraits.  Le portrait, c’est arrivé un peu plus tard, il y a une dizaine d’années. Parce que je voulais passer sur un format plus grand et je me suis testé à la peinture, ce que je n’avais jamais fait.
Et du coup, j’ai eu une sorte de révélation parce que j’aimais bien le côté très impulsif du trait sur le portrait. Et ce que je recherchais dans le portrait, c’était autre chose que ce que j’avais trouvé dans le dessin classique. Et je cherchais vraiment à retranscrire les émotions d’un personnage, qu’il soit anonyme ou célèbre.

J’aime bien jongler entre les deux parce qu’un anonyme, finalement, ça parle à tout le monde , c’est universel. Et ce qui va être intéressant, c’est vraiment de retranscrire les émotions et que le spectateur puisse s’approprier les émotions du portrait. Dans les figures populaires, je vais choisir des personnages iconiques et emblématique, voire faire un appel à la nostalgie du spectateur.
Je vais chercher des personnages dans les films ou parfois des musiciens connus. Et en fait, je joue aussi avec ça. Il y a toujours une scène dans chaque film dans laquelle je vais trouver une expression de visage qui est intéressante.

Finalement, je ne faisais que du dessin chez moi, et mon travail n’avait pas une réelle visibilité. Je me suis dit qu’il me manquait une clé d’entrée plus « street art ». Je faisais un peu dans le style du street art, mais je n’étais pas visible dans la
rue.
Je me suis dit qu’il me manquait un personnage, quelque chose. J’ai recherché ce que je pouvais faire.

Pour l’anecdote, j’étais en Corse, l’été dernier, et j’ai croisé plusieurs fois la tête de Clown de Mr VOUL, à des endroits incongrus. Ça a été un élément déclencheur. En rentrant je crée et pose mon perso dans la rue!

Et c’est comme ça que l’Abeille est née.
En fait, l’Abeille, c’est un personnage qui me parlait bien parce qu’elle a un symbole. Elle est hyper identitaire. Elle est très simple. Je l’ai voulue très simple et très friendly. Et finalement, elle parle à tout le monde. Et l’abeille est porteuse de
message. Elle est menacée d’extinction.
Elle est indispensable à la biodiversité, à notre survie. Et pourtant, ce sont nous, les humains, qui sommes en train de la détruire indirectement par plein de biais. Mais du coup, je me suis dit qu’en la remettant un peu partout dans la ville, un peu visible aux yeux de tous, ça deviendrait un personnage street art sensibilisant les passant qui la croiseraient sur son chemin.
En plus, je peux lui faire vivre plein d’aventures à travers mes dessins. Voilà le pourquoi de choix.
On se fait attaquer par la nature.

Cette abeille m’a permis, en la posant dans la rue, de concrétiser plusieurs projets, dont WEART51 dont on a déjà parlé. Après, j’ai concrétisé ma première participation « la Braderie de l’art » en décembre. J’ai été sélectionné parce que le jury avait déjà vu cette abeille.
J’ai aussi été sélectionné aussi pour le « 111 des Arts » qui était en septembre l’année dernière. Je réitère ma participation cette année. Ça fait toujours plaisir d’être sélectionné par un jury parmi de nombreux artistes.

Je participe aussi à « Solid’art » Paris, et Lille durant lequel je vais faire un live painting sur une planche de skateboard sur le stand de WEART51.
Tous ces exemples pour dire que j’ai bien perçu le bénéfice de me mettre un peu visible dans la rue.

Et du coup, tu parlais de l'abeille. En remontant loin, le tout premier personnage que tu as créé, tu t'en souviens ou pas ?

Le premier personnage, non. J’avais des petits B-boys récurrents à la période collège, avec des casquettes des tatous, des trucs comme ça, mais pas un en particulier. Comme ma mère garde tout, j’ai des pochettes avec des dessins depuis la maternelle, donc je pourrais retrouver des reliques!
J’avais déjà un crayonné qui était plus construit que la plupart des enfants à âge équivalent.
Quand je faisais un bonhomme, je faisais bien mes doigts, je faisais bien mes yeux. Ce n’était pas que des patates!

Si je réfléchis à mes personnages, j’ai baigné dans le street art par le biais de ma passion qui était le roller. Je faisais du roller, je roulais dans les skateparks, je roulais dans la rue, je voyais du graffiti. Et ça, c’est ce qui a aussi influencé mon style.
Pour autant, je ne fais pas de graffs. Je n’en ai jamais vraiment fait, mais si j’ai côtoyé des gens qui en faisaient et j’ai côtoyé ce milieu là. Du coup, dans mon style graphique, il y a quelque chose d’assez caricatural

Les traits sont un peu exacerbés. Même dans mes portraits, on retrouve des connotations street art. Il y a l’utilisation de la bombe, il y a des coulures, de la matière, de l’impulsivité des coups de pinceau.
Ça, c’est mon univers.

En fait, tu fais plusieurs types de personnages à l'heure actuelle. Qu'est-ce qui fait que quand tu vas dans un endroit où tu as envie de peindre, tu vois tel personnage qui va aller derrière ?

Quand je peins dans la rue, je ne peins pas beaucoup dans la rue. Ce n’est pas un truc auquel j’ai adhéré dès mon plus jeune âge.
J’étais trop carré je ne voulais pas risquer de me faire prendre. Aujourd’hui, je le fais un peu plus, mais sur le tard. J’ai moins la technique de la bombe sur le mur.

D’ailleurs, sur les murs, j’aime mieux peindre au pinceau. Je fais un peu de bombe, mais j’aime bien finir mes détails au pinceau et avoir ce côté un peu sale du pinceau et pas forcément de la bombe. Même si c’est plus contraignant en
termes de gestion, parce qu’il faut venir avec des pots de peinture, des pinceaux, de l’eau pour rincer, etc.

Sinon, pour mon Abeille j’ai opté pour du collage. Il y a une préparation en interne chez moi et je vais coller mes rouleaux de papier avec de la colle. C’est bien, mais c’est un peu trop éphémère à mon goût parce que ça finit par s’abîmer.
La pluie, le soleil, les gens l’arrachent. La prochaine étape serait de faire une V2 et de bosser soit un pochoir, que je travaille soit
directement sur le mur, soit sur de « l’Akylux » (plaque en plastique un peu alvéolé qu’on trouve sur les panneaux de vente de maison par exemple). Ce support-là, je le travaillerai tranquillement chez moi, je ferai mon pochoir, et après je viendrai le coller, un peu à la méthode de Mister P. (Un copain artiste qui fait les têtes de Charles de Gaulle)

Il n'y a pas des supports qui sont plus compliqués pour toi ?

Non, après j’aime bien mélanger les supports. Là, je ne parle pas des supports dans la rue, mais plutôt en interne. Le choix du support se fait en partie en fonction du sujet que je veux travailler.
Je me dis sur ce sujet là, je vais bosser sur du bois parce que je vais être content de retrouver peut-être les motifs de l’OSB ou ce genre de choses.

Après, je vais peindre sur toile parce que je vais plutôt charger ma toile et donc je veux un support qui tienne bien. Parfois, je peins sur un bois classique. J’ai déjà peint aussi, j’ai déjà customisé des objets parce que je trouve ça intéressant
aussi de se servir des contraintes du support.
La braderie de l’art qui se déroule à Roubaix à la Condition publique, c’est plutôt le principe, c’est d’utiliser des matériaux de récup et de les utiliser comme support. Ça, j’aime bien aussi parce qu’il y a ce côté un peu écolo où tu donnes une seconde vie à des objets. Pour l’anecdote, j’avais ma belle-mère qui m’avait donné une vieille malle

Je me suis dit qu’est-ce qu’on va en faire ? Il fallait la réparer. J’avais la flemme. À un moment, j’étais à deux doigts d’aller à la déchèterie. Et puis je la découpe pour la mettre dans ma voiture. ça faisait un bon support. Je l’ai finalement gardé et
customisé et j’ai réussi à peindre ce truc-là à une expo.
Du coup, ma malle s’est vendue à plus de 1 000 euros. C’est cool. Voila un bon exemple de valorisation d’un objet, une deuxième vie.

Quand je regarde ton pseudo sur Insta, il y a le Wouack. J'ai vu sur ton site que pour toi, c'est ton crew. Ça concerne qui exactement ?

Quand je faisais du roller, on était un petit groupe de copains. On s’appelait le Wouack Crew.
C’était vraiment des potes du roller. Il y avait quelques gars qui dessinaient un peu d’autres qui graffaient. Notamment un de mes meilleurs amis avec lequel on a commencé à faire du sticker en 2003. Au début on se posait devant la télé le
vendredi soir après avoir fait la randonnée de Roller à Lille.

On préparait nos stickers sur des papiers autocollants qu’on récupérait à droite, à gauche et on allait les poser dans la rue à la randonnée suivante. Après, ça s’est « professionnalisé » parce qu’on imprimait nos stickers de manière plus pro. J’ai toujours des stickers dans mes poches. C’est ce sticker-là que j’ai décliné en des milliers de couleurs. C’est le W du Wouack

On est une sorte de binôme. On l’a posé un peu partout dans le monde depuis 20 ans. J’ai des superbes anecdotes.
Des collègues qui étaient en Chine vont dans un restaurant et paf!! Il tombe sur un « W. ». tu vas jamais me croire, je viens de tomber sur un « Wouack » ?! Ils m’envoient une photo et ça me fait bien marrer.
Un autre copain qui était dans le désert en Bolivie. Il marche pendant 6 heures, il n’y a personne, il n’y a rien. Un moment, il arrive sur un panneau, il voit un Wouack.

C’est pas possible. C’est le côté marrant de poser des stickers comme ça un peu partout. Tout le monde a plein de petits stickers.
J’en pose un peu moins maintenant. Mais le W est toujours là, il sera toujours là même dans mescréations.

Est-ce qu'il y a eu un projet particulièrement fou qui t'est arrivé ? Ou que tu as refusé ? Ou que tu as vécu ?

Chaque projet est différent. Il faut prendre le contexte global. Il faut voir comment ça se passe.
Ce n’est pas forcément un aspect financier. C’est plutôt un aspect humain. J’ai déjà eu des projets que j’ai refusés parce que je ne sentais pas les personnes où je n’étais pas en adéquation avec le projet.

Je me dis que je vais trop m’éloigner de mon style, de mon credo, de ce que je veux faire. Ou alors je le fais mais ce n’est plus un projet artistique. Dans ce cas ,j’exécute la demande mais je ne le signe pas comme un projet artistique.

Il y a quand même des projets que j’ai refusés dans le sens où les gens n’avaient pas la bonne conscience de l’art. Ils disaient que ça coûte 15 euros. Quand les gens ne comprennent pas, il y a un moment… Je ne sais pas parce qu’on n’est pas sur la même longueur.
Par contre j’ai fait des projets où il n’y a pas d’aspect financier. Des fois, je n’ai pas gagné grand-chose mais j’ai gagné en visibilité.

Parfois, ce sont des bonnes rencontres, une bonne énergie, c’était pas prévu mais ça me motive bien et la je fonce parce que l’échange est très enrichissant humainement! Je pense à la collaboration avec M. KOEUR, ou encore avec TIWAN qui est devenu un bon copain.

D’autres fois c’est plus une démarche solidaire et pour aider l’association. Dans de ce contexte là, ma participation prend un autre sens, je suis prêt à le faire et me contenter de la visibilité uniquement en m’asseyant sur le côté lucratif.
Après, les évènements solidaires amènent indirectement des commandes par la suite. On discute du projet, on discute du prix. J’essaie toujours d’être raisonnable par rapport au travail que ça demande. Souvent, ça se passe bien et on se met d’accord.
A la suite de la Braderie de l’art, une personne m’a commandé une toile de 1m2 et j’avais carte blanche! C’est très gratifiant la confiance que peut nous envoyer certains amateurs d’art.
Un autre exemple projet cool, il y a eu le mur de l’école à Comines.
C’était très intéressant. C’était assez récent. C’était en mars ou en avril.

C’était une maîtresse qui m’avait vu à la braderie de l’art. Elle m’a recontacté après. Elle m’a dit qu’elle aimerait bien habiller son mur de classe mais en même temps l’habiller avec les élèves et qu’on fasse un petit atelier pédagogique.
On a ficelé le projet. Je lui ai fait des croquis. On s’est mis d’accord.
Après, c’était parti. Il y avait l’échange avec les élèves. C’était une école à Comines avec un corps enseignant qui était très sympa. Ce projet là m’en amène plusieurs autres.

On va organiser une exposition dans l’école. Le préfet, (le directeur de l’école) a bien aimé mon travail. Il m’a proposé que je repeigne tout le mur extérieur de la maternelle de l’école, un beau d’une douzaine de mètres.

Un petit retour en arrière sur tes années d'élèves finalement...

Je vais te faire un petit retour en arrière pour expliquer comment je suis arrivé à tout ça. J’ai toujours eu cette fibre artistique depuis mon plus jeune âge, ça , tu le savais déjà…
Cependant, je ne savais pas comment utiliser « ce pouvoir, ce don, cette passion ».
Je suis parti en section scientifique et passé un bac S. Puis enchainé avec des études en écoles d’ingénieurs, et un DUT mesures physiques …
Bref, je me suis un petit peu perdu.
Je voulais allier mon côté rationnel scientifique avec mon côté très créatif et imaginatif. Finalement, ce qui m’est apparu comme une bonne voie, c’est le métier de designer produit. J’ai fait des études de design produit à l’ISD à Valenciennes qui maintenant s’appelle Rubika.
J’ai intégré l’école directement en troisième année parce que j’avais déjà un bac +2, mais qui finalement ne me servait pas trop. J’ai rattrapé le niveau, j’ai kiffé, j’aimais à nouveau ce que je faisais. j’ai été diplômé et j’ai d’abord travaillé en freelance et après j’ai continué chez Decathlon, une grande ancienne de sport. J’ai bossé dans l’univers du vélo principalement. Ca m’a permis d’allier ma passion du vélo et ma passion du design industriel et de l’illustration. Comme j’étais sur le vélo enfant, je jouais avec mes 2 casquettes DESIGNER PRODUIT et ILLUSTRATEUR. Ça m’allait bien, J’étais enfin à ma place.

J’ai fait 15 ans et à un moment je me suis essoufflé et j’avais envie de pousser le côté artistique pur. Notamment aussi parce qu’il y a eu l’arrivée des intelligences artificielles où la partie créative s’est fait un peu grignoter et je ne m’y retrouvais plus. Là, je suis à plein temps sur le côté artistique et depuis un an, un an et demi, je me suis mis en contrat avec des galeries qui m’ont repéré avec mes portraits.
Je travaille également avec Nicolas ARTAETAS qui a deux entités. Il a « Artaetas édition » où il fait du print, de la digigraphie, de la sérigraphie.
Il a aussi « Artaetas » .c’est une plateforme, c’est comme une galerie en ligne de vente d’œuvres.
L’autre activité de Nicolas est Street Art Home. C’est une artothèque où on peut faire rentrer des toiles et les abonnés louent des oeuvres à l’année, tous les trimestres, ils peuvent changer de toile et ils ont un forfait de location. C’est carrément bien pour les artistes. Le concept offre une visibilité incomparable.
Ils prennent pendant trois mois une toile de tel artiste, dans le catalogue, ils en prennent une autre et ça permet d’avoir une œuvre dans ta maison qui tourne. Et moi, à l’inverse, ça permet que mes œuvres tournent aussi. Et ça a déclenché quelques ventes.
Les gens avaient la toile en location chez eux et finalement décident de l’acheter. Ou même des invités qui passaient chez ceux qui louaient la toile , avaient un coup de coeur. Et me contactaient pour acheter la toile. Ça c’est cool aussi comme moyen de visibilité. Je ne gagne pas d’argent directement mais je gagne en visibilité.
Enfin, récemment, je suis en contrat avec un autre Nicolas, dans la galerie « DAY2DAY ». Il fait la promotion d’une quinzaine de toiles.

Et donc tu parlais du vélo, avec le départ du Tour de France à Lille, tu prévois un truc ?

Là, mauvais exemple, je suis venu en moto.
Sinon je suis très souvent en vélo! Gros fan de vélo J’en ’ai eu pendant un moment, plus d’une trentaine de vélos chez moi parce que j’aime bien les customiser, les retaper.
J’aime récupérer un vélo tout pourri et lui redonner vie c’est quelque chose qui me plaît beaucoup. J’ai l’impression de le ressusciter. Je suis redescendu à une vingtaine ce qui est déjà pas mal.
Bref, je n’ai pas du tout répondu à la question sur le Tour de France! (Rire)

Après c’est un très gros évènement, ce n’est pas évident de participer à ce genre de truc! j’avoue que je n’y avais pas pensé mais pourquoi pas.
J’ai déjà fait un projet avec l’abeille et le vélo parce que j’avais un ami qui est très bon en vélo et sa fille m’avait commandé un cadeau pour son père et j’avais fait forcément un vélo avec une abeille

J'ai vu aussi que t'avais fait des collabs il y a pas longtemps avec Monsieur Koeur par exemple. Est-ce que c'est quelque chose qui te plaît de travailler avec quelqu'un d'autre et qu'est-ce que ça t'apporte à toi ?

Les collabs, je trouve ça hyper intéressant à plusieurs points de vue. J’aime bien jouer avec la contrainte du style artistique de l’autre artiste. Se dire comment on va mélanger nos deux univers.
Et plus l’univers est vraiment distinct, plus je trouve intéressant parce que le mélange c’est de l’eau et de l’huile. En fait ça se mélange pas mais finalement on arrive à en faire quelque chose.
Après il y a la rencontre humaine qui est hyper intéressante parce que faire une collab ça veut dire passer une ou deux journées avec l’autre artiste et du coup, on découvre son univers, il découvre le nôtre, on découvre aussi une autre
façon de travailler donc des fois on prend des petites choses qui sont intéressantes et on en donne aussi.

C’est vraiment une histoire d’échange qui est vraiment cool. Et après en terme de visibilité c’est sympa aussi parce que les gens qui connaissaient mon travail le découvrent par le biais de l’autre artiste, et inversement. Ca permet de créer quelque chose d’unique parce qu’on a le mélange de l’autre. On sort aussi de sa zone de confort car il faut s’adapter à l’autre style.

J’en ai fait une avec Monsieur Koeur j’ai fait une autre avec Tiwan qui est représenté par la même galerie que moi, DAY2DAY, c’est une galerie qui est à Montpellier et en fait il a un travail qui est beaucoup plus abstrait . on a mis nos styles en commun. J’ai fait un portrait et lui il a travaillé tout le fond en mode abstrait à sa façon. On a fait aussi une planche de snowboard qu’on a customisé comme ça et c’était super cool on a bossé dans son atelier et finalement on est devenus amis . Voila un exemple des vertus de la collaboration.

Là on est en train de récupérer des lustres et en fait on a contacté plein d’artistes de la région et le principe est de customiser des lustres en collab avec lui puisque c’est son idée et les autres artistes pour que chacun fasse un lustre où il a carte blanche. Et donc du coup on va faire une énorme expo avec 200 lustres customisées. C’est original.

Et l'expo se fait où ? Sur Montpellier alors ?

Non, non , c’est un projet avec des artistes locaux, lillois et environs. On n’a pas encore le lieu mais ça sera certainement fin d’année il faut qu’on trouve le lieu. Parce qu’il faut un lieu suffisamment grand où on peut suspendre les lustres. Ça se déroulera sans aucun doute dans l’agglomération lilloise. L’idée ça serait vraiment de les suspendre et même de pouvoir dans
l’absolu les éclairer. Si vous avez un lieu je le prends!

Et donc sur la Compagnie artistique, on aime bien mélanger toutes formes d'art etc. Et donc j'aime bien toujours poser une question par rapport à la musique. Quand tu bosses tu préfères bosser dans le calme ou avec de la musique ? Et si oui quel style de musique plutôt ?

Je vais te faire une réponse un peu neutre. C’est que moi je suis assez éclectique sur la musique.
C’est à dire que ça va vraiment être selon mon humeur. Un peu comme quand tu t’habilles ou quand tu veux manger. Des fois t’as envie de McDo et des fois t’as envie d’une petite salade fraîche. Dans la musique c’est pareil.

Je suis capable de radicalement varier mes écoutes musicales .Je peux passer du rap à l’ancienne (un bon NTM ), à du classique (un petit Chopin) en passant par du reggae (Bob bien sûr, ou Damian) et finir sur de la variété française (du Brel ou en ce moment les reprises de Julien Doré).
Je suis assez ouvert sur la musique mais par contre ce qui est assez rigolo c’est que si j’ai démarré une toile sur un son particulier, pour me remettre dedans, je suis obligé de me remettre dans le même type de son. Sinon mon cerveau ne
se rebranche pas, tu vois.
Après si tu veux que je te donne des petites références je peux.

Si je dois te donner une préférence, la musique que j’aime vraiment bien c’est plutôt l’électro. Tu sais l’électro un peu à la Justice ou après même des trucs un peu plus underground genre Ellen Alien, Miss Kittin ou du Kavinsky ou Vitalic, des trucs comme ça.
Et après en termes de rap je suis plus ancien rap on va dire. Tu vois du IAM, ce genre de choses. Même un peu du rap américain genre Tupac, Nas, Dr Dre, Eminem

Et donc tu préfères travailler avec de la musique ? Ça t'inspire ?

Même si à un moment je ne veux pas la mettre trop fort, je travaille comme ça tout le temps. Ou des fois je me mets vraiment le truc à fond ou je me mets mon casque pour être vraiment en immersion dans ma bulle. Et si ce n’est pas de la musique, j’écoute des podcasts sur plein de sujets variés.

Est-ce que dans toutes les notes que t'as prises il y a des trucs que j'ai oubliés ?

Il y a un truc qui me caractérise: je suis une sorte de « schizophrène artistique ».je n’ai jamais réussi à choisir un style. Je fais du portrait en noir et blanc, exclusivement en noir et blanc parce que je veux pas me polluer avec la couleur et je veux vraiment qu’on soit focus sur les émotions et retranscrire vraiment les attitudes les sentiments du personnage.
Par conséquent quand je fais ça, il me manque la couleur! donc je la travaille plutôt sur mes
personnages plus caricaturaux, plus street art, mes abeilles..

Je fais encore et toujours mes dessins au stylo Bic parce que ça c’est ma marque de fabrique et c’est ce que je fais depuis le plus longtemps en fait. Le bic parce que je le pratiquais en classe.
En gros le Bic, je kiffe. T’as un seul outil et tu peux faire tes ombrages tes lumières tes hachures. C’est parfait et du coup le bic, j’adore faire ça et dans mes dessins au bic je vais beaucoup plus dans l’imaginaire, plus dans le lâcher-prise parce que c’est long à faire et donc à un moment je vais faire un truc et je ne sais pas quel va être mon dessin à la fin mais je vais démarrer sur un truc puis en rajouter un autre et en fait ce sont des choses qui n’ont rien à voir les unes avec les autres et puis à un moment dans mon imaginaire je me dis que ça raconte ci ou ça et puis à la fin, t’as un dessin qui est complètement perché et ça je ne sais pas le faire ni dans le portrait ni dans mes abeilles. Les abeilles je la veux plutôt vraiment dans un univers lié à l’écologie pour essayer de dénoncer des mauvais comportements et faire passer des messages aux spectateurs.

C’est vraiment ma particularité. J’éprouve autant de plaisir à faire l’un que l’autre. Bref, maintenant tu sentiras mieux le petit côté schyzo qui sommeille en moi!

Merci à Floo Wouack pour cette interview.

Tof

Crédit photos:

Interview Vanessa Lhrx

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