Dalaï Drama, groove aux frontières du réel
Dalaïdrama pose une question à chaque morceau. Ce quatuor mêle pop et noise dans une performance live furieuse et sensible. Originaire du Nord, il aborde l’absurdité du monde moderne, les illusions du progrès et les dérives sociales avec sarcasme, poésie et tension sonore. Repérés au Printemps de Bourges et bientôt en haut de l’affiche, leur passage au Main Square 2025 s’annonce intense. Dalaïdrama, c’est un cri collectif aussi ironique que salvateur.
Une performance entre rêve et tension
Le vendredi 4 juillet 2025, de 20h00 à 20h40, DalaïDrama fera vibrer la scène Bastion avec un live aussi visuel que sonore.
Porté par Marvin, le projet navigue entre pop électronique, influences cold wave et saturations rock, dans un univers esthétique fort, presque cinématographique. Synthés rétro, textes en anglais, groove ciselé et tension émotionnelle : tout est fait pour provoquer une immersion intense.
Le Main Square leur offre une scène idéale pour exposer leur identité hybride et résolument moderne. Un moment de contraste, de vertige, et de pleine lumière dans l’underground.
Plongez dans leur univers avec nos interviews et images capturées sur le vif.
Interview et photos Vanessa Lhrx
Vous allez jouer sur la scène des Bastions, comment ça s'est passé quand vous avez eu l'info ? Votre première réaction?
Très contents, très contents d’être là déjà. On connait bien le Main Square, on est venu voir plusieurs fois des groupes, on a déjà joué ici avec d’autres formations aussi. Et là, on a été appelé par François du Poche de Béthune.
Il m’a demandé ce qu’on faisait le 4 juillet. Je connais un petit peu François, je lui ai dit qu’on était dispo en faisant semblant de ne pas savoir pourquoi.
Donc voilà, j’ai appelé les gars dans la foulée pour leur annoncer. Très très content d’être là. L’accueil est super. Et c’est cool de partager l’affiche avec des très bons artistes et aussi des copains.
C’est super. C’est l’occasion aussi de croiser les Deftones. J’ai écouté ça il y a 20 ans, je me revois à 17 ans chez mes darons.
On est passé à côté des loges tout à l’heure, j’étais un peu comme un gosse à l’idée de croiser les Deftones aujourd’hui.
Pour les gens qui ne vous connaissent pas, est-ce que vous pouvez rappeler rapidement votre parcours jusque maintenant ?
On existe depuis un peu plus d’un an. Depuis mars de l’année dernière. Ça allait assez vite en fait.
On a vite écrit beaucoup de musique. C’est ce qu’on dit à chaque fois, on a écrit 45 minutes en 3 semaines. Là on a sorti un EP en décembre, 5 titres, on bosse sur le deuxième EP et surtout sur notre premier album qu’on va enregistrer en novembre.
On joue du rock, on va piocher dans la pop et dans la noise, des choses qui n’ont vraiment rien à voir du côté du rock. Mais c’est ça qui nous intéresse, parce qu’on vit dans un monde de cinglés et on a envie de représenter ça en musique. On a fait une vingtaine de concerts sur l’année, donc on est plutôt actifs pour une première année.
Content d’être ici au Main Square, c’est la dernière pour nous cette année avant de prendre deux semaines de pause. Je fais un petit tour d’horizon de ce qu’on a fait ce soir. On avait fait la première partie de Last Train au Grand Mix, on a fait l’aéronef il n’y a pas très longtemps, on a joué plusieurs fois à Paris, on était au Printemps de Bourges, donc pour une année d’existence, on est très contents.


J'avais vu, pour le Printemps de Bourges, maintenant les festivals, c'est bon, vous avez l'habitude ?
Oui, et puis tous les quatre, on a de l’expérience aussi, d’autres groupes, d’autres formations, soit en tant que musicien, soit en tant que technicien. On est un peu rodé pour ce genre de trucs. On aime beaucoup ça, pour le rapport au public.
Il y a des festivals qu’on aime beaucoup. Main Square, ça en fait partie, c’est un super organe, super accueil, il y a souvent une super programmation. On arrivait tout à l’heure, ils disaient « c’est la maison ». J’ai dit ça pour rigoler.
Mais on se sent bien. Et j'ai vu, pour la date avec Last Train, vous les avez croisés ou pas depuis votre arrivée?
Oui, on a passé un peu de temps avec Jean-Noël, rapidement. On l’a croisé tout à l’heure, on s’est salué.


Et donc, j'ai vu que sur le clip de I've Got It, il y a un discours, etc. La politique, les problèmes de société, ça vous inspire….
Quand ça va bien, on a du mal à écrire. Alors, on n’est pas toujours énervé, même si c’est quand même notre esthétique.
C’est plutôt post-punk, noise, etc. Ça nourrit quand même notre propos en bonne partie. Beaucoup de la musique qu’on écrit, c’est tiré de nos conversations, de nos expériences, de ce qu’on voit autour de nous.
On n’est pas très militants, mais on est engagés quand même. Nous, on ne dit pas qu’on est un groupe engagé.
On ne s’en fout. On n’a pas fait un groupe pour faire de la politique. Par contre, on n’en peut plus de voir le monde flinguer par des politiques corrompus, par des figures d’autorité, qu’elles soient politiques ou religieuses, ou même des fois des artistes, qui vont soit piquer d’argent public, soit violer des gens et qui vont être couverts, tu vois… Comme Betharram par exemple.


On écrit un morceau là-dessus, parce que pour nous, c’est intolérable. C’est vraiment intolérable. En fait, on est quand même très en colère assez souvent, mais c’est une espèce de colère intérieure qu’on a du mal à contenir, et c’est pour ça qu’on fait cette musique-là.
Il y a même un texte sur les armes...
Tu vois, on n’est pas assez énervés, on est plutôt tristes dans ce morceau. On a une espèce de désillusion par rapport au monde dans lequel on vit. Nous, on a du mal à se sentir là-dedans, et ce qu’on cherche à faire, en tout cas, c’est transformer ces émotions sombres, tristes, la colère, en quelque chose de fédérateur. Pour se dire, OK, on capte tous que c’est la merde, et donc comment on fait, nous, pour être joyeux ensemble et construire un monde plus joyeux ? C’est ça, sans prétention non plus. On est quatre êtres humains, quatre mecs en plus, on n’est pas les mieux placés pour faire la leçon, et on ne cherche pas à faire la leçon.
Mais on a envie de partager ce mal-être-là, et c’est de trouver des gens qui sentent la même chose pour construire autre chose. Et tu disais tout à l’heure que vous aviez tous un parcours avant, donc comment vous êtes retrouvés à faire ce groupe-là, et pourquoi vous êtes décidés de jouer ensemble, finalement ? Tu veux répondre ? En fait, on se connaissait depuis le lycée, Gautier est arrivé un peu plus tard, mais on a eu un ancien projet pendant près de six ans. Sans moi, du coup.
Sans Marvin, et sur les deux, trois dernières années de ce projet-là, Marvin a été directeur artistique de ce projet-là. Et au moment où ce projet s’est arrêté, on a changé de chanteur, on était tous les trois à jouer de la musique, on se disait, mais qu’est-ce qu’on fait ? On n’a pas cette position, on n’a pas cette prétention, en tout cas, enfin, je ne sais pas si on peut parler de prétention, mais cette aisance à être au chant. Et Marvin a fait un test avec nous, et c’est parti là-dessus.


En fait, l’idée, c’est de trouver un autre chanteur, ou d’ailleurs une autre chanteuse, on était plutôt parti là-dessus, on avait fait des tests avec une personne avec qui c’était plutôt cool, mais c’était pas exactement ce qu’on voulait. On était accompagnés, le groupe était accompagné par l’Aéro à l’époque, du coup je suis allé les rejoindre pour aller bosser un peu avec eux, en se disant, on va trouver une solution, tout le monde va chanter, etc., et ils m’ont fait une proposition qui était plutôt cool, sur le premier morceau qu’on a écrit, Apocalypse, dont tu parlais tout à l’heure. Et juste pour donner une note d’intention, j’ai pris le micro en me disant, ouais, je vois plus un truc comme ça, et en fait, on s’est tous dit, putain, mais c’est cool en fait, on aime bien ça, quoi, ce qui n’était vraiment pas prévu, et trois semaines après, on avait 45 minutes de musique, trois semaines après, on faisait notre premier concert.
C’était un peu absurde, tout ça. Ça allait assez vite, et ça nous a fait kiffer. C’est bien, c’est bien.
Et justement, quand j'écoute vos morceaux, alors je ne sais pas si, moi je prendrais ça pour un compliment, mais j'ai l'impression que ça ne sonne pas du tout français, en fait...
Ben merci, effectivement, on le prend comme un compliment. Tout à fait.
Ce n’est pas un truc, enfin voilà, ce n’est pas dans les critères français, je ne vois plus ça au-delà. Mais on espère, nous on a envie de se développer à l’international, en tout cas, je pense que c’est plutôt ça la priorité. Je vois en Angleterre, ça peut être cool.
On aimerait bien, on aimerait bien, ouais. C’est un peu compliqué maintenant, les conditions depuis le Brexit. En Angleterre, on va essayer de se développer un peu dans le Benelux, pour l’année qui arrive.
Et puis voilà, on verra. On rencontre un peu des gens, droite à gauche, avec qui on développe un peu l’équipe. On verra, mais on espère, ouais, l’Angleterre, effectivement, ça nous fait un peu rêver quand même.