Pop atmosphérique, colère douce et puissance intérieure

Adahy, c’est une voix qui interroge le monde et panse les cœurs, portée par une pop alternative vibrante, traversée de synthés profonds, de colère douce et de lucidité brûlante. Inspiré·e par Izïa, Her ou Feu! Chatterton, Adahy cartographie un monde en crise à travers des textes à fleur de peau et des sons atmosphériques. Sur scène, chaque performance est une décharge émotionnelle maîtrisée, entre poésie et revendication. À découvrir au Main Square Festival 2025, pour un moment de musique sincère et bouleversant.

Le souffle pop d’Adahy au Main Square Festival

L’artiste révélation de la scène alternative française sera présent·e le vendredi 4 juillet 2025, de 18h00 à 18h40 sur la scène Le Bastion.

Entre intensité poétique et tension contenue, Adahy propose un live à fleur de peau, comme une transe maîtrisée. Chaque chanson est une claque douce, un cri calme, un miroir tendu au monde. Une performance rare, sincère et bouleversante à Arras.

Retrouvez les coulisses, photos exclusives et confidences d’Adahy avec la compagnie artistique.

Interview et photos (Vanessa Lhrx)

Donc tu te retrouves aujourd'hui au Bastion. Quand la nouvelle a été annoncée, c'était quoi ta première réaction ?

J’ai sauté au plafond, honnêtement. J’étais trop content(e).
On a quand même beaucoup travaillé pour avoir ce genre de date. Ça veut dire que notre travail est valorisé. J’étais trop, trop, trop fièr(e), trop content(e).
C’est le premier festival que j’ai foulé quand j’étais ado. J’ai été voir Iron Maiden. Après, j’y suis retourné(e) en 2023 en tant que DJ.
J’ai mixé dans les cabanes. Je m’étais promis qu’un jour je jouerai sur une des scènes. Et deux ans plus tard, ça arrive.

Deux ans, ça va vite en plus. Et alors, il y a du stress ?

Non, ça va. Juste avant de monter sur scène, j’aurais le petit pincement habituel. Mais non, ça va. Et puis, je suis bien entouré(e) aussi pour gérer le stress.

Les artistes qu'on voit sur les bastions sont tous des artistes locaux. Est-ce que tu peux rappeler brièvement ton parcours jusqu'à maintenant ?

Moi, j’ai toujours fait un peu de musique, plus ou moins sérieusement. Et ça a vraiment commencé en 2021, quand on a été sélectionné pour le Tour de Chauffe, dispositif d’accompagnement des Hauts-de-France. Et ensuite, premier EP, quelques concerts, Condition publique, tout ça.
Et ensuite, un accompagnement du Grand Mix en 2024. Le titre de révélation musicale des Hauts-de-France, décerné par la région et par France Bleu. Le Grand Mix, on a fait le Supersonic à Paris.
Et cette année, la Cave aux Poètes, l’Aéronef, on est accompagnés par le dispositif du 99bis. On sort de studio, là chez eux, pour un troisième EP qui sortira l’année prochaine. Et là, aujourd’hui, Main Square.
Ces deux dernières années sont très jouissives.

Tu as fait toutes les salles de la région, c'est sûr et gagné le titre de révélation des Hauts de France. Et du coup, ça t'a apporté quoi ? Surtout une visibilité ?

Ça m’a apporté beaucoup de confiance en moi. Ça m’a aidé à guérir un peu mon syndrome de l’imposteur. Parce qu’en fait, j’ai été validé(e) par un jury de professionnels, dont Nathalie André, qui était la directrice des programmes de France Télévisions à l’époque.
De Radio France, pardon. Un directeur de festivals, tout ça. Et du coup, je me suis dit, ok, je viens de la campagne lilloise, je n’ai pas fait le conservatoire, je ne parle pas la musique, j’arrive à chaque fois en balance, j’ai toujours peur d’être jugé(e), de ne pas savoir faire bien les choses.
Et là, je me suis dit, tu es validé(e), donc ne doute plus. C’est surtout là-dessus que ça m’a fait du bien. Après, on a été programmés grâce à ça, j’ai eu des petits plateaux télé sur France 3 notamment, en journal télé.
Donc un peu de visibilité, carrément, au niveau de la télé.

Et donc, j'ai regardé un petit peu les morceaux que tu avais faits, pour si seulement, tu parles de tout ce qui est inaction climatique, etc. Là, les deux derniers jours qu'on vient d'avoir avec la chaleur, ça a dû te faire réagir aussi par rapport à ça, justement, non ?

Oui, forcément, et en même temps, je m’offusque que j’angoisse de ça depuis, peut-être parce que j’ai une conscience, mais depuis l’enfance.
Comment dire, je ne veux pas dire que je me résigne, mais j’essaie de ne plus m’angoisser en me disant que les petits pas qu’on fait, c’est tout ce qu’on peut faire. Et signer des pétitions, aller dans la rue et se battre, en fait, c’est toujours les députés qui ont le dernier mot.
On peut toujours essayer de les convaincre, et il y en a qui sont déjà convaincus et qui font bien leur taf. Moi, il y a un truc qui fait que maintenant, l’angoisse, j’arrive à la gérer, mais c’est vrai que ça fait peur.

C'est encore un thème qui est aussi abordé sur ton titre + 7 degrés ...

Oui, carrément. Mais après, ce qu’elle raconte seulement aussi, c’est qu’elle parle de solitude face à l’inaction climatique, mais elle parle aussi de se rassembler.
Quand je scande: gonfler les rangs, gonfler les rangs, c’est une incitation à faire corps, parce que je trouve que c’est moins difficile d’angoisser à plusieurs. Donc j’essaie toujours d’être un peu optimiste, même si c’est parfois difficile d’essayer de ramener un peu de voix.

Et justement, est-ce que tu penses que pour écrire une chanson, il faut avoir la colère en soi, et si tout va bien, on n'arrive pas à écrire un truc ?

Non, je pense que ça ne ressemblera pas à la même chose, c’est tout, mais tout se vaut.
J’ai essayé d’écrire des chansons quand j’allais bien, moi ça ne marchait pas trop, et puis de toutes façons, je ne vais jamais être trop bien à 100%. Donc moi c’est mon processus créatif, mais il n’y en a pas un meilleur que l’autre je pense. Moi je sais que j’aime bien transformer la colère en texte, et la tristesse en texte, et c’est ma façon de gérer les choses.

Et j'ai vu aussi sur le clip Ni Femme Ni Rien, il y a aussi un moment où tu zappes sur les chaînes de télé, les chaînes de style BFM, ça ne doit pas être une chaîne où tu vas souvent?

Après je n’ai pas cité dans le clip, on comprend ce qu’on veut. Non, bien sûr que non. De toutes façons, je n’ai pas la télé. Je m’informe sur les réseaux.

Pour N'as tu pas peur, je voulais juste savoir un petit peu l'histoire de la chanson, comment ça s'est passé, comment ça a été créé?

C’est une histoire qui remonte à août 2023. Il y a eu un portrait de moi dans un média local. Et l’article titrait que j’étais non-binaire, et il y a eu plus de 1000 commentaires.
Il y avait du soutien quand même, mais la plupart c’était haineux. Et en fait je me suis dit, au début ma première réaction ça a été un choc, parce que c’est la première fois que ça m’est arrivé. Et en fait je me suis dit, mais qu’est-ce qu’ils veulent ces gens-là ? En fait ils veulent nous faire taire, ils veulent faire comme si on n’existait pas, ou ils ne veulent pas qu’on existe.
Et moi ma façon d’être au monde, entre autres, c’est de faire des chansons et d’être sur scène. Du coup je me suis dit, en fait je vais faire une chanson, ils veulent que je me taise, je vais faire tout l’inverse. Et puis l’écrire d’une manière un peu poétique, pas trop frontale, pas trop agressive, que ça puisse donner à réfléchir et pas à braquer.
Parce que mon credo c’est un peu, je ne change pas le monde en braquant les gens. C’est ce que j’ai essayé de faire. C’est plus efficace, oui.

Tu parlais du grand mix tout à l'heure, j'ai vu que tu avais fait une date là-bas avec Hervé. Il joue aussi aujourd'hui. Est-ce que tu as eu l'occasion de le voir ?

Oui, je l’ai croisé tout à l’heure, on s’est fait la bise.
Il est parti faire une sieste là, il m’a dit. Moi je n’arrive pas à dormir avant de jouer, je suis trop excité(e). Mais peut-être parce que c’est que le début encore, peut-être après ça sera la routine.

Tof