Interview Lille Théâtre Sebastopol Lille 2007

Il y a eu un gros buzz autour de vous depuis la sortie de l’album. Est-ce quelque chose que vous aviez pressentie ?

Non, pas du tout. On ne pensait même pas faire un album au départ, on faisait juste des morceaux comme ça au fur et à mesure. On a été propulsé du jour au lendemain sans rien comprendre. On a vu ce qu’il s’est passé sur le single mais on n’imaginait pas que les gens allaient nous suivre. C’est vraiment une bonne surprise pour nous. En plus, on se demandait si les gens n’allaient pas s’arrêter à notre single mais finalement, ils nous ont suivis sur l’album aussi, on a même vendus plus d’album que de singles ! Ca nous fait super plaisir, même en concerts, où les gens ne viennent pas seulement pour écouter Lili. Il y en a d’autres qui sont plus forts. C’est super pour un groupe de voir que les gens viennent pour d’autres morceaux !

Beaucoup de concerts sont notamment complets. Il y a une pression quand même…

Mais qu’il y ait une ou beaucoup plus de personnes, la pression est permanente. C’est une bonne pression et c’est agréable de faire beaucoup de dates d’affilée. On voit les réactions des gens qui varient selon les régions. C’est marrant de voir les réactions différentes sur les morceaux suivant la région, la salle. L’écoute est complètement différente. C’est aussi ce qui est intéressant en live, ce rapport avec le public. Ce qui est génial, c’est qu’on ne sait jamais trop à quoi s’attendre.

Justement, ce soir, vous jouez dans un théâtre…

Oui, tu es complètement influencé par les endroits où tu joues.

En quoi ça peut modifier votre façon de jouer ?

Je ne sais pas trop, l’endroit parle aussi de lui-même et le public est un peu conditionné. Là, les gens arrivent dans une ambiance et tu as encore plus l’impression de traverser le lieu. On est tous conditionné dans une certaine atmosphère. On se regarde et on voit ce qu’on fait sur scène, sans rien préparer à l’avance.

Vous veniez d’horizons très différents avant de former Aaron, même musicalement…

C’est une superbe aventure qui nous est arrivé mais on n’aime pas se concentrer sur une seule chose. On a toujours eu plusieurs cordes à notre arc et dans la musique c’est pareil. J’ai toujours fait des trucs qui n’avaient rien à voir à côté, comme dans Mass Hysteria. C’est très important, il y a le cinéma aussi, la peinture. Mais je pense que quand tu es créatif, je n’en connais aucun qui ne s’arrête qu’à une seule chose. C’est dangereux les puristes à mon avis. Si tu as quelque chose de créatif en toi, à priori tu es ouvert à pas mal de choses, je crois. C’est très dangereux de se regarder le nombril et de s’enterrer.

Sur cette longue tournée, s’il y avait un meilleur et un pire souvenir, ça serait quoi ?

Le pire, c’est un soir où on a failli annuler le concert parce qu’il pleuvait des cordes. Le matériel était à nu, on ne pouvait pas trop laisser le matériel comme ça. Le concert a été retardé de 25 minutes. Il y a eu un court-jus un moment dans le micro puis un trou dans la scène où je me suis fait super mal. Mais c’était tellement n’importe quoi qu’on était mort de rire. Ca aurait pu être un très mauvais souvenir, les gens le voyaient d’ailleurs, rangeaient leurs parapluies, le ressortaient. Il y avait de la boue partout. C’était rigolo finalement. 

En ce qui concerne le meilleur souvenir, il y en a beaucoup parce que tout a été une première fois, mais je retiens la date aux Bouffes du Nord où j’avais toujours voulu aller étant petit et là on y a passé 4 jours, et le Paléo festival où on a joué devant 14000 personnes entre Arcade Fire et Bjork. Il y a beaucoup de choses.

Et quel a été le moment le plus inattendu ?

Justement le Paléo festival. On n’était même pas sur scène que les gens étaient complètement hystériques. On n’entendait rien, il y avait le même nombre de gens à côté du chapiteau et à l’intérieur, on voyait même des gens sur les collines. Un truc de dingues, ça te donne une énergie folle, c’était génial ! J’avais tellement d’énergie que je me disais que j’étais prêt à lever mon piano d’un doigt !lol !

Vous avez eu l’occasion de discuter avec certains groupes sur ces festivals ?

Oui, ça dépend des fois. On a été programmé souvent avec Abd el Malik donc on se retrouvait souvent !

Sur les concerts, beaucoup de gens viennent donc pour l’album en entier mais beaucoup viennent juste pour U turn…

Franchement, je ne sais pas, je me demande. Je te jure qu’avec les réactions qu’on a, on peut se le demander. Des gens chantent sur les morceaux et je n’ai pas l’impression que beaucoup ne viennent que pour ça, en étant honnête. L’album a mieux fonctionné que pour le single, les gens connaissent plus l’album que le single, à mon avis.

Vous pensez déjà au prochain album ?

On commence à y penser. On fera une pause pour pouvoir se concentrer dessus, on verra si on a des choses à dire. Il ne faut pas sortir un album parce qu’il faut sortir un album. On doit avoir le temps de se poser pour créer.

Quand vous créez, vous cherchez le morceau parfait ?

Non, on cherche un truc qui corresponde à l’idée qu’on a envie de développer, qui nous plait. Aucun morceau n’est parfait, ça serait chiant sinon. Je n’aime pas la perfection.

La nomination pour le prix Constantin vous fait plaisir ?

C’est très étrange d’être nommé là, même d’avoir le NRJ awards. C’est génial parce qu’on a une écoute de gens différents. C’est assez fascinant de voir ça, en tant que spectateurs, parce que je pense qu’on est aussi spectateurs de ce qui se passe pour nous. Ce sont 2 choses qui n’ont rien à voir alors être appelés pour les 2, c’est super plaisant !

Monter sur scène recevoir son NRJ awards et faire son discours, ça se prépare ?

Non, on était sûr de ne pas gagner, il y avait des monstres opposés à nous. Les gens ont voté pour nous, ça me touche que le public ait voté pour nous. Ils n’ont aucun plaisir à voter pour nous, si ce n’est pour nous faire plaisir, c’est d’autant plus touchant.

Vous êtes également passés chez Michel Drucker…

C’est vraiment un équilibre, on est capable de faire toutes sortes de choses. Alors aller là bas pour nous était spécial ! C’est quand même un monstre dans le milieu. 43 ans de métier, j’étais assez ému de le rencontrer. On avait en plus été invité par Zazie qui a une plume super belle. C’était une journée bizarre. Michel Drucker était déjà une super star quand tu es né, là tu es devant lui, c’est plutôt pas mal. Il nous connaissait, on était passé dans une de ses émissions. Il nous a raconté des anecdotes avec Hendricks et Janis Joplin.

Vous faîtes aussi un concours sur votre myspace pour gagner des backstages à l’Olympia. Vous avez le temps de rencontrer les gens qui vous suivent ?

Quand c’est organisé, oui. On n’a pas toujours le temps de le faire mais là oui c’est avec plaisir ! C’est aussi marrant de développer l’imaginaire des gens via ce concours. Après, c’est important de rester proche de son public, tellement c’est allé vite. On se rappelle ceux qui nous ont connus au début. On vit un peu l’aventure en même temps avec eux, on grandit ensemble.

Vous avez fait beaucoup d’interviews jusque maintenant. Quelle est la question qu’on ne vous a jamais posée et à laquelle vous aimeriez répondre ?

Ben celle là justement on nous l’a beaucoup posée. Je ne savais pas trop quoi répondre à ça, j’espère qu’il y a plein de questions qu’on ne m’a pas posées. Il y a beaucoup de choses auxquelles j’aimerais répondre et heureusement qu’on ne m’a pas encore tout posé !

J’en pose une alors ! Quand vous créez un morceau, qu’est ce qui fait que vous avez envie d’écrire le morceau ? Comment ça vient ?

C’est assez instinctif, tu sens si çà fonctionne, si çà nous plaît, si çà arrive direct au bide quand tu fais le morceau. La chance qu’on a pour l’instant, c’est que çà arrive assez souvent, tu es alors porté par le truc, l’énergie te porte, tu le sens assez vite. Le plus dur c’est de retranscrire vraiment ce que tu as en tête, pour la musique ou un texte. Mais quand tu le fais, tu le sais tout de suite. C’est comme quand tu manges un truc, tu sais tout de suite si c’est bon ou pas pour toi !lol !

Tof